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Hécla. Les Islandais prétendaient autrefois que l’enfer était dans leur île, et ils le plaçaient dans le goufre du mont Hécla. Ils croyaient aussi que le bruit produit par les glaces, quand elles se choquent et s’amoncellent sur leurs rivages, vient des cris des damnés tourmentés par un froid excessif, et qu’il y a des âmes condamnées à geler éternellement, comme il y en a qui brulent dans des feux éternels.

Cardan dit que cette montagne est célèbre par l’apparition des spectres et des esprits. Il pense avec Leloyer[1] que c’est dans cette montagne de l’Hécla que les âmes des sorciers sont punies après leur mort.

Hecdekin ou Hodeken. En l’année 1130, un démon que les Saxons appelaient Hecdekin ou Hodeken, c’est-à-dire l’esprit au bonnet, à cause du bonnet dont il était coiffé, vint passer quelques mois dans la ville d’Hildeshéim, en basse Saxe. L’évêque d’Hildeshéim en était aussi le souverain. En raison de ces deux titres, le démon crut devoir s’attacher à sa maison. Il se posta donc dans le palais et s’y lit bientôt connaître avantageusement, soit en se montrant avec complaisance à ceux qui avaient besoin de lui, soit en disparaissant avec prudence lorsqu’il devenait importun, soit en faisant des choses remarquables et difficiles. — Il donnait de bons conseils dans les affaires diplomatiques, portait de l’eau à la cuisine et servait les cuisiniers. La chose s’est passée dans le douzième siècle:les mœurs étaient alors plus simples qu’aujourd’hui.

Il fréquentait donc la cuisine et le salon ; et les marmitons, le voyant de jour en jour plus familier, se divertissaient en sa compagnie. — Mais un soir un d’eux se porta contre lui aux injures, quelques-uns disent même aux voies de fait. Le démon en colère s’alla plaindre au maître d’hôtel, de qui il ne reçut aucune satisfaction; alors il crut pouvoir se venger. Il étouffa le marmiton, en assomma quelques autres, rossa le maître d’hôtel, et sortit de la maison pour n’y plus reparaître[2].

Héhugaste, sylphide qui se familiarisait avec l’empereur Auguste. Les cabaîistes disent qu’Ovide fut relégué à Tomes pour avoir surpris Auguste en tête-à-tête avec elle ; que la sylphide fut si piquée de ce que ce prince n’avait pas donné d’assez bons ordres pour qu’on ne la vît point, qu’elle l’abandonna pour toujours[3].

Hékacontâlithos. Pierre qui en renferme soixante autres diverses, que les troglodytes offraient au diable dans leurs sorcelleries[4].

Héla, fille d’Angerbode et reine des trépassés chez les anciens Germains. Son gosier, toujours ouvert, ne se remplissait jamais. Elle avait le même nom que l’enfer. La mythologie Scandinave donne le pouvoir de la mort à Héla, qui gouverne les neuf mondes du Niflheim. Ce nom signifie mystère, secret, abîme. Selon la croyance populaire des paysans de l’antique Cimbrie, Héla répand au loin la peste et laisse tomber tous les fléaux de ses terribles mains en voyageant la nuit sur le cheval à trois pieds de l’enfer (Helhest). Héla et les loups de la guerre ont longtemps exercé leur empire en Normandie. Cependant, lorsque les hommes du Nord de Hastings devinrent les Normands de Rollon, ils semblent n’avoir pas perdu le souvenir de leurs vieilles superstitions aussi rapidement que celui de leur langue maternelle. D’Héla naquit Hellequin, nom dans lequel il est facile de reconnaître HelaKïon, la race d’Héla déguisée sous l’orthographe romaine. Ce fut le fils d’Héla que Richard Sans peur, fils de Robert le Diable, duc de Normandie, rencontra chassant dans la forêt. Le roman raconte qu’Hellequin était un cavalier qui avait dépensé toute sa fortune dans les guerres de Charles-Martel contre les Sarasins païens. La guerre finie, Hellequin et ses fils, n’ayant plus de quoi soutenir leur rang, se jetèrent dans de mauvaises voies. Devenus de vrais bandits, ils n’épargnaient rien ; leurs victimes demandèrent vengeance au ciel, et leurs cris furent entendus. Hellequin tomba malade et mourut ; ses péchés l’avaient mis en danger de damnation éternelle : heureusement ses mérites comme champion de la foi contre les païens lui servirent. Son bon ange plaida pour lui, et obtint qu’en expiation de ses derniers crimes, la famille d’Hellequin errerait après sa mort, gémissante et malheureuse, tantôt dans une forêt, tantôt dans une autre, n’ayant d’autres distractions que la chasse au sanglier, mais souvent poursuivie elle-même par une meute d’enfer, punition qui durera jusqu’au jugement dernier.

Hélène ou Oléine, reine des Adiabénites, dont le tombeau se voyait à Jérusalem, non sans artifice, car on ne pouvait l’ouvrir et le fermer qu’à certain jour de l’année. Si on l’essayait dans un autre temps, tout était rompu[5].

Hélène ou Sélène, compagne mystérieuse de Simon le magicien[6].

Hélénéion, plante que Pline fait naître des larmes d’Hélène auprès du chêne où elle fut pendue, et qui avait la vertu d’embellir les femmes et de rendre gais ceux qui en mettaient dans leur vin.

Helgafell, montagne et canton d’Islande, qui a joui longtemps d’une grande réputation dans

  1. Hisloire des spectres, p. 549.
  2. Trithème, Chronique d’Hirsauge.
  3. Lettres cabalistiques, t. I er, p. 64.
  4. Delancre, Tabl. de l’inconstance des démons, etc., p. 48.
  5. Leloyer, Histoire des spectres et apparitions des esprits, p. 61. Voyez sur cette reine les Légendes du Nouveau Testament.
  6. Voyez, dans les Légendes infernales, celle de Simon le magicien.