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Grey-Meil, Anglaise qui remplissait au sabbat les fonctions de portière, dans la procédure’,’d’Agnès Sampson, dirigée par le roi Jacques.

Griffon. Brown assure qu’il y a des griffons, c’est-à-dire des animaux mixtes qui par devant ressemblent à l’aigle et par derrière au lion, avec des oreilles droites, quatre pieds et une large queue. Des traditions du moyen âge donnaient au griffon l’aigle pour père et la louve pour mère.

Grigri, démon familier que l’on voit chez les Américains, et surtout dans les forêts du Canada et de la Guinée.

Grillandus (Paul), Castillan, auteur d’un traité des Maléfices (De malejiciis), publié à Lyon en 1555 ; de traités des sortilèges, des lamies, de la torture, etc. ; Lyon, 1536, et de quelques autres ouvrages de ce genre. Il conte quelque part qu’un avocat, ayant été noué par un puissant maléfice que nul art de médecine ne pouvait secourir, eut recours à un magicien qui lui fit prendre, avant de dormir, une certaine potion, et lui dit de ne s’effrayer de rien. À onze heures et demie de la nuit, survint un violent orage accompagné d’éclairs ; l’avocat crut d’abord que la maison lui tombait sur le dos ; il entendit bientôt de grands cris, des gémissements, et vit dans sa chambre une multitude de personnes qui se meurtrissaient à coups de poing et à coups de pied, et se déchiraient avec les ongles et les dents ; il reconnut une certaine femme d’un village voisin, qui avait la réputation de sorcière, et qu’il soupçonnait de lui avoir donné son mal ; elle se plaignait plus que tous et s’était elle-même déchiré la face et arraché les cheveux. Ce mystère dura jusqu’à minuit, après quoi le maître sorcier entra ; tout disparut ; il déclara au malade qu’il était guéri : ce qui fut vrai[1].

Grillon. Dans beaucoup de villages, et surtout en Angleterre, on regarde les grillons qui animent le foyer à la campagne, et qui chantent si joyeusement la nuit, comme de petits esprits familiers d’une nature bienveillante, qui empruntent leur forme exiguë pour échapper aux malices humaines. Beaucoup de villageois se figurent que leur présence porte bonheur dans la famille et qu’on ne les tue pas impunément. Aussi, en général, ne voit-on pas d’un bon œil le pied brutal qui les écrase. « Toute la tribu des grillons se compose de puissants esprits, bien que cela soit ignoré des gens qui ont affaire à eux ; et il n’est pas dans le monde invisible de voix plus gentilles et plus sincères à qui on puisse se fier davantage ou dont les conseils soient plus dévoués et plus sûrs que les voix qu’empruntent ces esprits de l’âtre et du foyer pour s’adresser à l’espèce humaine[2]. »

Grimaldi. Sous le règne de Louis le Débonnaire, il y eut dans toute l’Europe une maladie épidémique qui s’étendit sur les troupeaux. Le bruit se répandit dans le peuple que Grimaldi, duc de Bénévent, ennemi de Charlemagne, avait occasionné ce dégât en faisant répandre de tous côtés une poudre meurtrière par ses afïidés. On arrêta un grand nombre de malheureux soupçonnés de ce crime ; la crainte et la torture leur firent confesser qu’ils avaient en effet répandu cette poudre qui faisait mourir les troupeaux. Saint Agobard, archevêque de Lyon, prit leur défense et démontra que nulle poudre n’avait la vertu d’infecter l’air ; et qu’en supposant même que tous les habitants de Bénévent, hommes, femmes, jeunes gens, vieillards et enfants, se fussent dispersés dans toute l’Europe, chacun suivi de trois chariots de cette poudre, ils n’auraient jamais pu causer le mal qu’on leur attribuait[3].

Grimalkin. C’est le nom que les sorcières anglaises donnent au démon lorsqu’il vient au sabbat sous la figure d’un chat.

Grimoire. Tout le monde sait qu’on fait venir le diable en lisant le Grimoire ; mais il faut avoir soin, dès qu’il paraît, de lui jeter quelque chose à la tête, une savate, une souris, un chiffon, autrement on risque d’avoir le cou tordu. Le terrible petit volume connu sous le nom de Grimoire, autrefois tenu secret, était brûlé très-justement dès qu’il était saisi. Nous donnerons ici quelques notes sur les trois Grimoires les plus

Grémoire (sic) du pape Honorius, avec un recueil des plus rares secrets ; sous la rubrique de Rome, 1670, in-16, orné de figures et de cercles. Les cinquante premières pages ne contiennent que des conjurations. Voy. Conjurations et Évocations. — Dans le Recueil des plus rares secrets, on trouve celui qui force trois demoiselles à venir danser le soir dans une chambre. Il faut que tout soit lavé dans cette chambre ; qu’on n’y remarque rien d’accroché ni de pendu ; qu’on mette sur la table une nappe blanche, trois pains de froment, trois sièges, trois verres d’eau ; on récite ensuite une certaine formule de conjuration[4], et les trois personnes qu’on veut voir viennent, se mettent à table et dansent ; mais au coup de minuit tout disparaît. On trouve dans le même livre beaucoup de bêtises de ce genre que nous rapportons en leur lieu.

Grimorium verum, vel probatissimœ Salomonis claviculœ rabbini Hebraici, in quibus tum na-

  1. Delancre, Tabl. de l’inconstance des démons, etc., p. 356.
  2. M. Ch. Dyckens, Le grillon du foyer, conte de Noël.
  3. M. Salgues, Des erreurs et des préjugés, t. I, p. 298.
  4. Voici les paroles de cette conjuration :« Besticirum ! consolation, viens à moi. Vertu créon, créon, créon… Je ne mens pas ; je suis maître du parchemin ; par ta louange, prince de la montagne, fais taire mes ennemis et donne-moi ce que tu sais. »