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elle déposa qu’elle avait été menée au sabbat ; qu’un jour le diable lui avait arraché un bijou de cuivre qu’elle portait au cou ; ce bijou avait la forme d’un poing serré, le pouce passé entre les doigts, ce que les femmes du pays regardaient comme un préservatif contre toute fascination et sortilège. Aussi le diable ne le put emporter, mais le laissa près de la porte. Elle assura aussi qu’en revenant un jour du sabbat, elle avait vu le diable en forme d’homme noir, avec six cornes sur la tête, une queue au derrière, deux visages, etc. ; que, lui ayant été présentée, elle en avait reçu une grosse poignée d’or ; qu’il l’avait fait renoncer à son Créateur, à la sainte Vierge, à tous les saints et à tous ses parents[1]

Gratarole.


Gratidia, devineresse qui trompa Pompée, comme le rapporte Horace : car lui ayant demandé l’issue de la guerre de Pharsale, elle l’assura qu’il serait victorieux ; néanmoins il fut vaincu[2].

Gratoulet, insigne sorcier qui apprenait le secret d’embarrer ou nouer l’aiguillette, et qui s’était vendu à Belzébuth. Il donna des leçons de sorcellerie à Pierre Aupetit, condamné en 1598.

Greatrakes (Valentin), empirique qui fit du bruit en Angleterre dans le dix-septième siècle ; il était né en Irlande en 1628. On ignore la date de sa mort. Il remplit de brillants emplois, mais il avait la tête dérangée. En 1662, il lui sembla entendre une voix lui dire qu’il avait le don de guérir les écrouelles ; il voulut en user et se crut même appelé à traiter toutes les maladies : ce qui lui attira une grande célébrité. Cependant une sentence de la cour de l’évêque de Lismore lui défendit de guérir. Sa méthode consistait à appliquer les mains sur la partie malade et à faire de légères frictions de haut en bas ; étaitce du magnétisme ? Il touchait même les possédés, qui tombaient dans des convulsions aussitôt qu’ils le voyaient ou l’entendaient parler. Plusieurs écrivains se moquèrent de lui. Saint-Évremont écrivit contre la folle confiance qu’on lui accordait. Mais Greatrakes a eu des défenseurs, et Deleuze, dans son Histoire du magnétisme animal, l’a présenté sous un jour qui fait voir que c’était en effet un magnétiseur.

Green (Christine), Anglaise du dix-septième siècle, citée par Glanvil. Elle avait un esprit familier qui vivait avec elle sous la forme d’un hérisson, et lui suçait tous les matins un peu de sang pour lui donner des extases.

Grégoire le Thaumaturge (saint). Voy. Idoles.

Grégoire VII ( saint), l’un des plus grands papes, sauva l’Europe au onzième siècle. Comme il fit de grandes choses pour l’unité, il eut des ennemis dans tous les hérétiques, et en dernier lieu dans les protestants, qui l’accusèrent de magie et même de commerce avec le diable. Leurs mensonges furent stupidement répétés par les catholiques. Ce saint pape vient d’être bien vengé ; car l’histoire, qui lui rend justice enfin, est écrite par un protestant (Voigt)[3].

Greillmeil, sorcier. Voy. JacquesIer.

Grêle. Chez les Romains, lorsqu’une nuée paraissait disposée à se résoudre en grêle, on immolait des agneaux ; ou, par quelque incision à un doigt, on en faisait sortir du sang dont la vapeur, montant jusqu’à la nuée, l’écartait ou la dissipait entièrement : ce que Sénèque réfute comme une folie[4].

Grenier (Jean), loup-garou qui florissait vers l’an 1600. Accusé d’avoir mangé des enfants, par Jeanne Garibaut et par d’autres, quoiqu’il eût à peine quinze ans, il avoua qu’il était fils d’un prêtre noir (prêtre du sabbat), qui portait une peau de loup[5], et qui lui avait appris le métier. On le condamna à servir toute sa vie dans un couvent, où il se convertit. Voy. Poirier et Pierre Larourant.

Grenouille. On n’ignore pas cet admirable secret des paysans, que la grenouille des buissons, coupée et mise sur les reins, fait tellement uriner, que les hydropiques en sont guéris Voy. Messie des Juifs, Tremblement de terre, etc.

Des philosophes allemands ont prétendu, à force de profondes recherches, établir que nous descendons de la grenouille, qui, peu à peu, s’est perfectionnée : ce qu’elle ne fait pourtant plus. Et Lavater a fait graver un tableau pour montrer qu’au moyen d’une vingtaine de transitions légères, une tête de crapaud devient une tête d’Apollon…

Grésili, l’un des démons qui possédaient Louise Capelle, compagne de Madeleine de la Palud.

  1. Delancre, Tabl. de l’inconstance des démons, etc., liv. iv, p. 432.
  2. Delancre, Tabl. de l’inconstance des démons, etc., liv. h, p. 53.
  3. Voyez l’abrégé de cette histoire par M. l’abbé Jorry.
  4. Lebrun, t. Ier, p. 376.
  5. M. Jules Garinet, Histoire de la magie en France.