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GAZ
GÉL
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Gazardiel, ange qui, selon le Talmud, préside à l’Orient, afin d’avoir soin que le soleil se lève et de l’éveiller s’il ne se levait pas.

Gaze (Théodore de), propriétaire d’une ferme dans la Campanie, au seizième siècle ; il la faisait cultiver par un fermier. Comme ce bonhomme travaillait un jour dans un champ, il découvrit un vase rond où étaient enfermées les cendres d’un mort. Aussitôt il lui apparut un spectre qui lui commanda de remettre en terre le même vase avec ce qu’il contenait, sinon qu’il ferait mourir son fils aîné. Le fermier ne tint compte de ces menaces, et peu de jours après son fils aîné fut trouvé mort dans son lit. Quelque temps plus tard, le même spectre lui apparut, lui réitérant le même commandement, et le menaça de faire mourir son second fils. Le laboureur avertit de tout cela Théodore de Gaze, qui vint lui-même à sa métairie et fit remettre le tout à sa place : sachant bien’, dit Leloyer, qu’il fait mauvais jouer avec les morts…

Gaziel, démon chargé de la garde des trésors souterrains, qu’il transporte d’un lieu à un autre pour les soustraire aux hommes. C’est lui qui ébranle les fondements des maisons et fait souffler des vents accompagnés de flammes. Quelquefois il forme des danses qui disparaissent tout à coup ; il inspire la terreur par un grand bruit de cloches et de clochettes ; il ranime les cadavres, mais pour un moment. Anarazel est son compagnon.

Géants. Les géants de la fable avaient le regard farouche et effrayant, de longs cheveux, une grande barbe, des jambes et des pieds de serpent, et quelques-uns cent bras et cinquante-têtes. Homère représente les Aloïdes, géants remarquables, comme étant d’une taille si prodigieuse qu’à l’âge de neuf ans ils avaient neuf coudées de grosseur, trente-six de hauteur, et croissaient chaque année d’une coudée de circonférence et d’un mètre de haut. Les talmudistes assurent qu’il y avait des géants dans l’arche. Comme ils y tenaient beaucoup de place, on fut obligé, disent-ils, de faire sortir le rhinocéros, qui suivit l’arche à la nage. Aux noces de Charles le Bel, roi de France, on vit une femme de Zélande d’une taille extraordinaire, auprès de qui les hommes les plus hauts paraissaient des enfants ; elle était si forte, qu’elle enlevait de chaque main deux tonneaux de bière, et portait aisément huit hommes sur une poutre[1]. Il est certain qu’il y a eu de tout temps des hommes d’une taille et d’une force au-dessus de l’ordinaire. On trouva au Mexique des os d’hommes trois fois aussi grands que nous, et, dit-on, dans l’île de Crète un cadavre de quarante-cinq pieds… Hector de Boëce dit avoir vu les restes d’un homme qui avait quatorze pieds. En 1693, il y avait à Lekerké un homme assez maigre, nommé Guerrit Baastrausée, pêcheur de son métier, qui avait huit pieds du Rhin de hauteur et qui pesait cinq cents livres. Pour la force, nous citerons Milon de Crotone, tant de fois vainqueur aux jeux Olympiques ; ce Suédois qui, sans armes, tua dix soldats armés ; ce Milanais qui portait un cheval chargé de blé ; ce Barsabas qui, du temps de Louis XIV, enlevait un cavalier avec son équipage et sa monture ; ces géants et ces hercules qu’on montre tous les jours au public. Mais la différence qu’il y a entre eux et le reste des hommes est petite, si on compare leur taille réelle à la taille prodigieuse que les traditions donnent aux anciens géants.

Geber, roi des Indes et grand magicien, auquel on attribue un traité absurde du rapport des sept planètes aux sept noms de Dieu, et quelques autres opuscules inconnus[2].

Gedi, pierre merveilleuse qui, dans l’opinion des Gètes, avait la vertu, lorsqu’on la trempait dans l’eau, de changer l’air et d’exciter des vents et des pluies orageuses. On ne connaît plus la forme de cette pierre.

Geilana, duchesse de Franconie, ayant ordonné le meurtre de saint Kilian, fut, aussitôt après le crime, possédée d’un démon.

Geillis Duncane, sorcière anglaise qui guérissait certaines maladies par l’aide d’un démon, comme elle le déclara. Le roi Jacques la fit arrêter.

Geiralda, sorcière. Voy. Kalta.

Gello ou Gilo, c’était une fille qui avait la manie d’enlever les petits enfants. On dit même que parfois elle les mangeait, et qu’elle emporta un jour le petit empereur Maurice ; mais qu’elle ne put lui faire aucun mal, parce qu’il avait sur lui des amulettes. Son fantôme errait dans l’île de Lesbos, où, comme elle était jalouse de toutes les mères, elle faisait mourir dans leur sein les enfants qu’elles portaient, un peu avant qu’ils fussent à terme[3]. On voit que c’était l’épouvantail du sixième siècle. Elle n’était pas seule.

Gellons, compagnons de Gello en Grèce. Ces esprits pénètrent dans les appartements quoique les portes en soient fermées et y enlèvent les enfants. Voyez aussi Géludes.

Gellone (vallée de). Voy. Pie.

Geloscopie, Espèce de divination qui se tire du rire. On prétend acquérir ainsi la connaissance du caractère d’une personne, et de ses penchants bons ou mauvais. Un rire franc n’annonce certainement pas une âme fausse, et on peut se défier quelquefois d’un rire forcé. Voy. Physiognomonie.

Géludes, sorcières-vampires de l’Orient. Saint Jean Damascène parle de ces monstres qui entraient dans les maisons malgré serrures et ver-

  1. Jonsthoni thaumatographia.
  2. Naudé, Apologie pour tous les grands personnages soupçonnés de magie, ch. xiv, p. 360.
  3. Delrio, Disquisitions magiques ; Wierus, De prœst., p. 466.