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vérité une bague, un bijou que leur âme a pris en voyageant dans les pays éloignés. Delancre dit que ces sorciers du Nord vendent les vents, dans des outres, aux navigateurs, lesquels se dirigent alors comme ils veulent. Mais un jour un maladroit, qui ne savait ce que contenaient ces outres, les ayant crevées, il en sortit une si furieuse tempête que le vaisseau y périt. Olaùs Magnus rapporte que certains de ces magiciens vendaient aux navigateurs trois nœuds magiques serrés avec une courroie. En dénouant le premier de ces nœuds, on avait des vents doux et favorables ; le second en élevait de plus véhéments ; le troisième excitait les plus furieux ouragans.

Finskgalden, espèce de magie en usage chez les Islandais ; elle a été apportée en Islande par un magicien du pays, qui avait fait à ce dessein un voyage en Laponie. Elle consiste à maîtriser un esprit, qui suit le sorcier sous la forme d’un ver ou d’une mouche, et lui fait opérer des merveilles.

Fioravanti (Léonard), médecin, chirurgien et alchimiste du seizième siècle. On remarque parmi ses ouvrages, qui sont nombreux, le Résumé des secrets qui regardent la médecine, la chirurgie et l’alchimie[1]. Venise, 1571, in-8o, 1666 ; Turin, 1580.

Fiorina. Voy. Florine.

Fischer (Gertrude). M. l’abbé David, du diocèse de Liège, a conté l’histoire de cette fille, à la suite d’un récit très-remarquable intitulé le Million de l’usurière : « L’histoire d’une personne nommée Gertrude, fille de Fischer, bourgeois de Lubus, qui vivait au seizième siècle, prouve que l’amour de l’argent nous dispose quelquefois à recevoir les influences du démon. Gertrude n’avait qu’à prendre quelqu’un par son habit, ou par sa manche, ou par sa barbe, pour être sûre d’attraper toujours de l’argent ; puis elle le mettait aussitôt dans sa bouche, le mâchait et l’avalait, si on ne l’en empêchait. Plusieurs habitants de sa ville natale ont conservé longtemps des pièces de monnaie qui leur étaient venues d’elle. Son contemporain, le trop fameux docteur Martin Luther, fut consulté sur l’état de Gertrude. Il conseilla de la conduire au sermon et de prier Dieu pour elle. Les pasteurs protestants n’ayant rien pu pour la soulager, le père de Gertrude Fischer s’adressa à un prêtre catholique, qui reconnut en elle une véritable possession du démon de l’avarice, et la délivra par l’exorcisme. Gertrude servit, après sa guérison, comme domestique dans une maison où l’on n’eut qu’à se louer de sa conduite.

» Voici comment Gertrude avait été séduite par le démon. Elle était tourmentée du désir de posséder de l’or et de l’argent. Une nuit elle entend pendant son sommeil une voix qui lui dit : — De grandes richesses te seront données ; lève-toi. Gertrude obéit et voit devant elle un homme qui lui dit : — Si tu veux être mon esclave, tu posséderas tous mes trésors qui sont dans la terre. Elle avait eu l’imprudence de répondre, poussée par l’avarice : — Qui que tu sois, tu es mon maître. — Tout à coup l’apparition avait pris une forme terrible, et Gertrude était possédée. L’histoire de cette fille offre des circonstances bizarres qu’il est inutile de raconter[2]. Qu’on sache seulement qu’avant que le démon, chassé de son corps par les prières de l’Église, l’eût définitivement quittée, elle exerçait sur les métaux une attraction inimaginable. Gardons-nous (Jonc de l’avarice, qui, corroborée par des influences sataniques, peut nous attirer le même sort. »

Flade, recteur de l’université de Trêves, grand ennemi des sorciers, en fit brûler plusieurs ; après quoi, reconnu sorcier lui-même et vendu aux démons que ses cruautés servaient, il fut brûlé publiquement lui-même dans sa ville, en l’an 1586. Temps et pays de réforme !

Flaga, fée malfaisante des Scandinaves. Quel-


ques-uns disent que ce n’était qu’une magicienne qui avait un aigle pour monture.

Flambeaux. Trois flambeaux allumés dans la même chambre sont un présage de mort. Ayez donc soin d’en avoir deux ou quatre.

Flamel (Nicolas), célébrité du quatorzième siècle. On ne sait précisément ni la date ni le lieu de sa naissance, que l’on suppose avoir eu lieu à Paris ou à Pontoise. Il fut écrivain public aux charniers des Innocents, poêle, peintre, architecte. De pauvre qu’il était, il devint extrêmement riche, et on attribua sa fortune au bonheur qu’il avait eu de trouver la pierre philosophai. Les uns disent qu’elle lui fut révélée par un esprit dont on ne déclare pas l’espèce ;

  1. Compendio dei secreti, etc.
  2. Gorres, dans sa Mystique, en rapporte quelques-unes, t. V, p. 384.