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des fèves pétrifiées ? Festus prétend que la fleur de la fève a quelque chose de lugubre, et que le fruit ressemble exactement aux portes de l’enfer… Dans l’ Incrédulité et mécréance du sortilège pleinement convaincue, page 263, Delancre dit qu’en promenant une fève noire, avec les mains nettes, par une maison infestée, et la jetant ensuite derrière le dos en faisant du bruit avec un pot de cuivre et priant neuf fois les fantômes de fuir, on les force de vider le terrain. Les jeunes filles de Venise pratiquaient avec des fèves noires une divination qui n’est pas encore passée de mode. Quand on veut savoir de plusieurs cœurs quel sera le plus fidèle, on prend des fèves noires, on leur donne à chacune le nom d’un des jeunes gens par qui on est recherchée, on les jette ensuite sur le carreau : la fève, qui se fixe en tombant, annonce le cœur certain ; celles qui s’écartent avec bruit sont des poursuivants volages.

Fey, nom que l’on donne en Écosse à toute personne que l’on croit ensorcelée.

Fian, docteur en médecine, qui, selon les procédures, était associé ou affilié aux sorcières du temps du roi Jacques. Voy. Jacques.

Fiard (l’abbé), auteur de Lettres philosophiques sur la magie, du livre intitulé la France trompée par les démonolâtres, d’un autre intitulé les Précurseurs de l’Antéchrist, d’un autre intitulé Superstitions et prestiges des philosophes ou les démonolâtres du siècle de lumières, mort à Paris en 1818. On l’a beaucoup critiqué, parce qu’il voyait dans les ennemis de Dieu des serviteurs du diable. C’est pourtant conforme à l’adage divin : qui n’est pas pour moi est contre moi. Il disait que Voltaire était un démon ; mais Thomas l’a dit avant lui.

Ficino (Marsile), philosophe florentin, né en 1433. Un jour qu’il disputait avec Michel Mercati, son disciple, sur l’immortalité de l’âme, comme ils ne s’entendaient pas, ils convinrent que le premier qui partirait du monde en viendrait donner des nouvelles à l’autre. Peu après ils se séparèrent. Un soir que Michel Mercati, bien éveillé, s’occupait de ses études, il entendit le bruit d’un cheval qui venait en toute hâte à sa porte, et en même temps la voix de Marsile Ficino qui lui criait : — Michel, rien n’est plus vrai que ce qu’on dit de l’autre vie. — Michel Mercati ouvrit la fenêtre et vit son maître Ficino, monté sur un cheval blanc, qui s’éloignait au galop. Il lui cria de s’arrêter ; mais Marsile Ficino continua sa course jusqu’à ce qu’on ne le vit plus. Le jeune homme, stupéfait, envoya aussitôt chez Ficino et apprit qu’il venait d’expirer.

Marsile Ficino a publié sur l’astrologie, sur l’alchimie, sur les apparitions et sur les songes, divers ouvrages devenus rares.

Fidélité. On lit dans Les admirables secrets d’Albert le Grand qu’en mettant un diamant sur la tête d’une femme qui dort, on connaît si elle est fidèle ou infidèle ; parce que, si elle est infidèle, elle s’éveille en sursaut et de mauvaise humeur ; si, au contraire, elle est fidèle, elle a un réveil gracieux. Le Petit Albert dit qu’on peut être bien sûr de la fidélité d’une femme, quand on lui a fait manger de la moelle de l’épine du dos d’un loup[1].

Fien (Thomas), Anversois, auteur d’un livre curieux sur les effets prodigieux de l’imagination, De viribus imaginationis, Londres, 1657.

Fientes. Des vertus et propriétés de plusieurs sortes de fientes. — « Comme l’homme est la plus noble créature, ses excréments ont aussi une propriété particulière pour guérir plusieurs maladies. Dioscoride et Galien en font cas et assurent qu’ils enlèvent les maux de gosier ou esquinancies. Voici la manière de les préparer. On donnera à manger à un jeune homme de bon tempérament des lupins pendant trois jours et du pain bien cuit, où il y aura du levain et du sel ; on lui fera boire du vin clairet, et on gardera les excréments qu’il rendra après trois jours de ce régime. On les mêlera avec autant de miel, et on les fera boire et avaler comme de l’opiat, ou bien, si le malade n’est pas ragoûté d’un tel condiment, on les appliquera comme un cataplasme : le remède est infaillible. » Nous ne dirons pas s’il est agréable.

Fiente de chien. — « Si on enferme un chien et qu’on ne lui donne pendant trois jours que des os à ronger, on ramassera sa fiente, qui, séchée et réduite en poudre, est un admirable remède contre la dyssenterie. On prendra des cailloux de rivière qu’on fera chauffer ; ensuite on les jettera dans un vaisseau plein d’urine, dans lequel on mettra un peu de cette fiente de chien réduite en poudre ; on en donnera à boire au malade deux fois la journée, pendant trois jours, sans qu’il sache ce qu’on lui donne… Cette fiente est aussi un des meilleurs dessiccatifs pour les vieux ulcères malins et invétérés… »

Fiente de loup. — « Comme on sait que cet animal dévore souvent les os avec tel chair de sa proie, on prendra les os que l’on trouvera parmi sa fiente, parce que, pilés bien menus, bus dans du vin, c’est un spécifique contre la colique. »

Fiente de bœuf et de vache. — « La fiente de bœuf et de vache, récente et nouvelle, enveloppée dans des feuilles de vigne ou de chou, et chauffée dans les cendres, guérit les inflammations causées par les plaies. La même fiente apaise la sciatique. Si on la mêle avec du vinaigre, elle a la propriété de faire suppurer les glandes scrofuleuses et écrouelles. Galien dit qu’un médecin de Mysie guérissait toutes sortes d’hydropisies en mettant sur l’enflure de la fiente chaude de vache. Cette fiente aussi appliquée sur

  1. Le solide trésor du Petit Albert, p. 24.