Page:Jacques Collin de Plancy - Dictionnaire infernal.pdf/271

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
FAU
FAU
— 263 —

imparfaites. Aussi, ajoutent-ils, ces esprits craignent le jour du sabbat, et se cachent dans les ténèbres jusqu’à ce qu’il soit passé ; ils prennent quelquefois des corps pour épouvanter les hommes. Mais ils sont sujets à la mort. Cependant ils peuvent approcher si près des intelligences célestes, qu’ils leur dérobent quelquefois la connaissance de certains événements futurs, ce qui leur a fait produire des prophéties, au grand étonnement des amateurs. »

Faust (Jean), célébrité allemande dans la magie. Il brilla au commencement du seizième siècle. Un génie plein d’audace, une curiosité indomptable, un immense désir de savoir, telles étaient, disent ses panégyristes, ses qualités prononcées. Il apprit la médecine, la jurisprudence, la théologie ; il approfondit la science des astrologues ; quand il eut épuisé les connaissances naturelles, il se jeta dans la magie. — On l’a confondu souvent avec Faust, l’associé de Guttenberg dans l’invention de l’imprimerie ; on sait que quand les premiers livres imprimés parurent, on cria à la sorcellerie ; on soutint qu’ils étaient l’ouvrage du diable ; et sans la protection de Louis XI et de la Sorbonne, l’imprimerie en naissant était étouffée à Paris.

Faust et Méphistophélès.

Mais l’histoire de Faust ne sera jamais bien connue dans ses détails intimes. Ceux qui l’ont vu poétiquement le font naître à Weimar, ou à Anhalt, ou dans la Souabe, ou dans la Marche de Brandebourg. On ne peut guère trouver rien de positif sur cet homme que dans Trithème et dans Mélanchthon. Il était né à Gundling, dans le Wurtemberg, à la fin du quinzième siècle. Son père était un paysan ; il avait des parents riches à Wittemberg ; il y alla, y fit ses études et connut là Luther, Mélanchthon et plusieurs autres philosophes avancés. On voit, dit Philippe Camerarius, qu’il alla, à dix-neuf ans, étudier la magie à Cracovie, où l’on donnait alors des leçons de sciences occultes. Il reparut ensuite, se disant le chef des nécromanciens, le premier astrologue, le second dans la magie, dans la chiromancie et les autres divinations. Ayant hérité alors des biens considérables que laissait un oncle qu’il avait à Wittemberg, il se livra sans frein à la débauche et s’adonna entièrement à l’évocation des esprits et aux sortilèges. Il se procura tous les livres magiques, prit des leçons d’un célèbre cristallomancien (Christophe Kayllinger), et rechercha tous les arts défendus. On dit qu’il se vanta de faire d’aussi grands miracles que le Christ. Ce qui paraît incontestable, c’est qu’à vingt-sept ans il conjura le démon et fit avec lui un pacte qui devait durer vingt-quatre ans, au bout desquels il s’obligeait à livrer son âme. Il