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avec Marie de la Raide. Elle allait au sabbat et disait que le sabbat est un vrai paradis.

Dicke (Alice), jeune Anglaise de Wincauton dont parle Glanvill. Elle avait un esprit familier qui lui suçait un peu de sang tous les soirs.

Didier, imposteur bordelais du sixième siècle, qui parut vers ce temps-là dans la ville de Tours. Il se vantait de communiquer avec saint Pierre et saint Paul ; il assurait même qu’il était plus puissant que saint Martin et se disait égal aux apôtres. Comme il avait su gagner le peuple, on lui amenait de tous côtés des malades à guérir ; et voici, par exemple, comment il traitait les paralytiques. Il ordonnait qu’on étendît le malade à terre, puis il lui faisait tirer les membres si fort que quelquefois il en mourait ; s’il guérissait, c’était un miracle. Didier n’était pourtant qu’un magicien et un sorcier, comme dit Pierre Delancre ; car si quelqu’un disait du mal de lui en secret, il le lui reprochait lorsqu’il le voyait ; « ce qu’il ne pouvait savoir que par le moyen du démon qui lui allait révéler tout ce qui se passait. » Pour mieux tromper le public, il avait un capuchon et une robe de poil de chèvre. Il était sobre devant le monde ; mais lorsqu’il se retrouvait en son particulier, il mangeait tellement qu’un homme n’aurait pu supporter la viande qu’il avalait. Enfin ses fourberies ayant été découvertes, il fut arrêté et chassé de la ville de Tours ; et on n’entendit plus parler de lui.

Didron, savant archéologue qui a publié récemment une curieuse Histoire du diable.

Didyme. Voy. Possédés de Flandre.

Diémats. Petites images chargées de caractères que les guerriers de l’île de Java portent comme des talismans, et avec lesquelles ils se croient invulnérables : persuasion qui ajoute à leur intrépidité.

Dieux. On lit dans Tite-Live (IV, 30) : « Les édiles sont chargés de veiller à ce qu’aucun dieu ne soit reçu à Rome, s’il n’est Romain et adoré à la romaine… »

Digby (Le chevalier), original anglais du dix-septième siècle, connu sous le nom du Docteur sympathique. Il avait le secret d’une poudre sympathique avec laquelle il guérissait les malades sans les voir et donnait la fièvre aux arbres. Cette poudre, composée de rognures d’ongles, d’urine ou de cheveux du malade et placée dans un arbre, communiquait, disait-il, la maladie à l’arbre.

Digonnet. C’est, de nos jours, le dieu d’une secte de béguins qui descend des manichéens et des anabaptistes. Ce dieu est vivant et M. Daniel Wurth a donné de lui, dans le journal la Patrie, une notice si curieuse que nous croyons devoir la rapporter ici :

« Jean-Baptiste Digonnet est né à Tence (Haute-Loire) ; il fut successivement maçon, scieur de long et sabotier. Un chef de la secte des momiers lui ayant rempli la tête d’idées mystiques, il abandonna ses travaux et se livra au vagabondage. Arrêté en 1845, conduit dans les prisons de Moulins, puis rendu à la liberté, il continua sa vie errante pendant plusieurs mois. Arrêté de nouveau l’année suivante, il fut incarcéré dans la maison d’arrêt de Saint-Étienne, où se trouvait un jeune béguin de Saint-Jean-Bonnefond qui, l’entendant citer à tout propos des passages de la Bible, lui confia que depuis longtemps les habitants de cette commune attendaient le Dieu prédit par les Écritures.

» Digonnet se promit de tirer parti de cette confidence. Peu de temps après, ayant recouvré sa liberté, il se rendit à Saint-Jean-Bonnefond, où il exécuta son projet. Les béguins crurent à sa divinité et le surnommèrent leur petit bon dieu. À partir de cette époque, de fréquentes réunions de béguins eurent lieu dans cette commune. Dans ces réunions Digonnet prêchait la religion à sa manière, et par suite de son ascendant sur les hommes et surtout sur les femmes, se livrait à des actes d’une immoralité si profonde que la décence ne permet pas de les raconter. Arrêté au milieu de ses fidèles, il subit diverses condamnations et fut détenu plusieurs fois dans des maisons d’aliénés. S’étant évadé de celle d’Aurillac le 7 juillet 1848, il revint à Saint-Jean-Bonnefond, où la gendarmerie le saisit de nouveau pour l’emprisonner à Montbrison.

» Ce fut dans cette dernière ville que je le vis. Digonnet est de petite taille ; il a le regard terne

 
Jean-Baptiste Digonnet
Jean-Baptiste Digonnet
 
et sans aucune expression ; son front ne présente aucun indice d’intelligence ; ses joues et le dessous de ses yeux sont colorés d’une teinte bleuâtre et par endroits légèrement violacée ; un tic nerveux balance continuellement sa tête sur ses épaules, et lorsqu’il débite ses lamentations ridicules, on voit de temps à autre passer entre les trois dents jaunes qui lui restent une petite chique, qu’il parait sucer avec un sentiment de délicieuse volupté.

» Ce fut un de mes amis, commis greffier au tribunal de Montbrison, qui me procura l’avantage de voir ce divin vieillard et qui voulut bien le prier de me faire connaitre les diverses con-