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des dissertations sur la vision de Constantin, qui a au moins cela pour elle qu’elle n’a été contestée qu’après plus de douze siècles par des gens intéressés à tout nier.

« Combien de remarques ne pourrait-on pas ajouter, dit Lenglet-Dufresnoy dans son Traité des visions. On peut voir ce qu’ont dit de celle-ci le savant père Pagi sur Baronius, et Tillemont dans son histoire. Ces témoignages rendus à la vérité par de tels écrivains doivent l’emporter sur les doutes des critiques à qui rien ne plaît que ce qui part de leur incrédule imagination. Volontiers pour se distinguer du commun, ils adoptent des fables qui peuvent préjudicier à quelque doctrine généralement avouée ; mais ils se gardent bien de croire des points d’histoire, appuyés sur les preuves communément reçues dans la discussion des faits historiques. »

Constantin Copronyme, empereur iconoclaste de Constantinople. Il était, dit-on, magicien ; il conjurait habilement les démons, dit Leloyer ; il évoquait les morts et faisait des sacrifices détestables et invocations du diable. Il mourut d’un feu qui le saisit par tout le corps, et dont la violence était telle qu’il ne faisait que crier[1].

Constellations. Il y en a douze, qui sont les douze signes du zodiaque, et que les astrologues appellent les douze maisons du soleil, savoir : le bélier, le taureau, les gémeaux, l’écrevisse, le lion, la vierge, la balance, le scorpion, le sagittaire, le capricorne, le verseau et les poissons. On les désigne très-bien dans ces deux vers techniques, que tout le monde connaît :

Sunt aries, taurus, gemini, cancer, leo, virgo,.
Libraque, scorpius, arcitenens, caper, amphora, pisces.

On dit la bonne aventure par le moyen de ces constellations. Voy. Horoscopes et Astrologie.

Contre-Charmes, charmes qu’on emploie pour détruire l’effet d’autres charmes. Quand les charmeurs opèrent sur des animaux ensorcelés, ils font des jets de sel préparés dans une écuelle avec du sang tiré d’un des animaux maléficiés. Ensuite ils récitent pendant neuf jours certaines formules. Voy. Gratianne, Amulettes, Sort, Maléfices, Ligatures, etc.

Contre-Sorciers, nom que prennent des charlatans d’un genre spécial, qui se donnent pour maîtres en fait de sorcellerie et se présentent comme ayant le pouvoir d’anéantir les maléfices. Deux hommes de ce genre ont exploité tout récemment une commune de l’Aube où ils prétendaient que l’épizootie qui y régnait n’était qu’un ensorcellement. Ils ne guérirent aucune bête et tirèrent des bonnes gens beaucoup d’écus. Le tribunal d’Arcis-sur-Aube les a condamnés à dix-huit mois de prison, le 3 juillet 1857. — Et l’on dit que nos campagnes sont en progrès, depuis qu’on y lit des journaux démolisseurs.

Convulsions. Au neuvième siècle, des personnes suspectes déposèrent dans une église de Dijon des reliques qu’elles avaient, disaient-elles, apportées de Rome, et qui étaient d’un saint dont elles avaient oublié le nom. L’évêque Théobald refusa de recevoir ces reliques sur une allégation aussi vague. Néanmoins, elles faisaient des prodiges. Ces prodiges étaient des convulsions dans ceux qui venaient les révérer. L’opposition de l’évêque fit bientôt de ces convulsions une épidémie ; les femmes surtout s’empressaient de leur donner de la vogue. Théobald consulta Amolon, archevêque de Lyon, dont il était suffragant. « Proscrivez, lui répondit l’évêque, ces fictions infernales, ces hideuses merveilles, qui ne peuvent être que des prédiges et des impostures. Vit-on jamais, aux tombeaux des martyrs, ces funestes prodiges qui, loin de.guérir les malades, font souffrir les corps et troublent les esprits ?… » Cette espèce de manie fanatique se renouvela quelquefois ; elle fit grand bruit au commencement du dix-huitième siècle ; et on prit encore pour des miracles les convulsions, les contorsions et les grimaces d’une foule d’insensés. Les gens mélancoliques et atrabilaires ont beaucoup

Convulsionnaires du cimelière Saint-Médard.


de dispositions à ces jongleries. Si, dans le temps surtout où leur esprit est dérangé, ils s’appliquent à rêver fortement, ils finissent toujours par tomber en extase, et se persuadent qu’ils peuvent ainsi prophétiser. Cette maladie se communique aux esprits faibles, et le corps s’en ressent. De là vient, ajoute Brueys[2] , que, dans le fort de leurs accès, les convulsionnaires se jettent par terre, où ils demeurent quelquefois assoupis. D’autres fois, ils s’agitent extraordinairement ; et c’est en ces différents états qu’on les entend parler d’une voix étouffée et débiter toutes les

  1. Leloyer, Histoire des spectres et des apparitions des esprits, liv. IV, ch. vi, p. 302.
  2. Préface de l’Histoire du fanatisme.