Page:Jacques Collin de Plancy - Dictionnaire infernal.pdf/185

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
COD
COL
— 177 —

Si l’accusé n’avoue pas, il faut le mettre dans une dure prison et avoir gens affidés qui tirent de lui la vérité. Il y a des juges qui veulent qu’on promette le pardon, et qui ne laissent pas de passer à l’exécution ; mais cette coutume me paraît barbare.

Le juge doit éviter la torture, elle ne fait rien sur le sorcier ; néanmoins il est permis d’en user.

Si le prévenu se trouve saisi de graisses, si le bruit public l’accuse de sorcellerie, ce sont de grandes présomptions qu’il est sorcier. Les indices légers sont les variations dans les réponses, les yeux fixés en terre, le regard effaré. Les indices graves sont la naissance, comme si, par exemple, le prévenu est enfant de sorcier, s’il est marqué, s’il blasphème. Le fils en tel cas est admis à déposer contre son père. Les témoins reprochables doivent être entendus comme les autres ; on doit aussi entendre les enfants. Les variations dans les réponses du témoin ne peuvent faire présumer en faveur de l’innocence du prévenu, si tout l’accuse d’être sorcier..

La peine est le supplice du feu : on doit étrangler les sorciers et les brûler après ; les loups-garous doivent être brûlés vifs. On condamne justement sur des conjectures et présomptions ; mais alors on ne brûle pas, on pend. Le juge doit assister aux exécutions, suivi de son greffier, pour recueillir les dépositions…

Ce chef-d’œuvre de jurisprudence et d’humanité, ouvrage d’un avocat, reçut dans le temps les suffrages des barreaux français. Boguet le dédia à Daniel Romanez, avocat à Salins[1].

Codronchi (Baptiste), médecin d’Imola, au seizième siècle. Il a laissé un traité des années climatériques, de la manière d’en éviter le danger, et des moyens d’allonger sa vie[2].

Cœlicoles, secte juive qui adorait les astres et les anges gardiens des astres.

Cœur. Des raisonneurs modernes ont critiqué ce qui est dit dans l’Ecclésiaste, que le cœur du sage est au côté droit, et celui de l’insensé au côté gauche. Mais il faut entendre cette maxime comme le mot de Jonas à propos de ceux des Ninivites qui ne savaient pas faire la différence entre leur main droite et leur gauche, c’est-à-dire entre le bien et le mal. Que le cœur de l’homme soit situé au côté gauche de la poitrine, c’est un sentiment qui, à la rigueur, peut être réfuté par l’inspection seule, dit le docteur Brown ; car il est évident que la base et le centre du cœur sont exactement placés au milieu. La pointe, à la vérité, incline du côté gauche ; mais on dit de l’aiguille d’un cadran qu’elle est située au centre, quoique la pointe s’étende vers la circonférence du cadran.

Nous rappellerons que quelques hommes ont eu le cœur velu. Voy. Aristomèxe.

Cohoba, herbe dont les vapeurs enivraient les Indiens d’Hispaniola jusqu’à les plonger dans l’extase.

Coiffe. On s’est formé différentes idées sur la membrane appelée coiffe, qui couvre quelquefois la tête des enfants lorsqu’ils sortent du sein de leur mère. Les personnes superstitieuses la conservent avec soin, comme un moyen de bonheur, et on dit d’un homme heureux qu’il est né coiffé. On a même avancé que cette coiffe étend ses effets favorables jusque sur ceux qui la portent avec eux. Spartien parle de cette superstition dans la vie d’Antonin. Il dit que les sages-femmes vendaient ordinairement ces coiffes naturelles à des jurisconsultes crédules, qui en attendaient d’heureux résultats pour leurs affaires. Ils étaient persuadés que ce talisman leur ferait gagner toutes les causes[3]. On se le disputait chez nous au seizième siècle. Dans quelques provinces, on croyait que la coiffe révélait une vocation à la vie monastique[4]. Les sages-femmes prédisaient aussi chez nos pères le sort de l’enfant qui apportait la coiffe sur la tête. Voy. Amniomancie. Avant que l’empereur Macrin montât sur le trône, sa femme lui donna un fils qui naquit coiffé. On prédit qu’il s’élèverait au rang suprême, et on le surnomma Diadematus. Mais quand Macrin fut tué, il arriva de Diadematus qu’il fut proscrit et tué comme son père.

Coirières (Claude), sorcière du seizième siècle. Pendant qu’elle était détenue en prison, elle donna une certaine graisse à un nommé François Gaillard, pareillement prisonnier, lequel, s’en étant frotté les mains, fut enlevé de sa prison par l’assistance du diable, qui toutefois le laissa reprendre[5].

Colarbase, hérétique valentinien, qui prêchait la cabale et l’astrologie comme sciences religieuses. Il était disciple de Valentin. Il disait que la génération et la vie des hommes dépendaient des sept planètes, et que toute la perfection et la plénitude de la vérité était dans l’alphabet grec, puisque Jésus-Christ était nommé Alpha et Oméga[6].

Colas (Antide), sorcière du seizième siècle, qui, faisant commerce avec le diable, qu’elle nommait Lizabet, fut appréhendée et mise en prison sur l’avis de Nicolas Millière, chirurgien. Elle confessa qu’étant détenue à Betoncourt, le diable s’était apparu à elle en forme d’homme noir et l’avait sollicitée à se jeter par une fenêtre ou bien à se pendre ; une autre voix l’en avait

  1. M. Jules Garinet, Histoire de la magie en France, p. 320.
  2. De annis climatericis, nec non de ratione vitandi eorum pericula, itemque de modis vitam producendi commentarius, In-8°. Bologne, 1620.
  3. Brown, Des erreurs populaires, t. II, p. 88.
  4. Salgues, Des erreurs et des préjugés.
  5. Boguet, Discours des sorciers, ch. lii, p. 327.
  6. Bergier, Dictionnaire théologique.