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les plus générales sur les côtes nord-est de la Sibérie, surtout parmi les femmes : c’est une extrême délicatesse des nerfs. Cette maladie, appelée mirak dans ce pays, peut être causée par le défaut absolu de toute nourriture végétale ; mais la superstition l’attribue à l’influence d’une magicienne nommée Agraféna-Shiganskaia, qui, bien que morte depuis plusieurs siècles, continue, comme les vampires, à répandre l’effroi parmi les habitants et passe pour s’emparer des malades, — M. de Wrangel, qui rapporte ce fait dans le récit de son expédition au nord-est de la Sibérie, ajoute que parfois on trouve aussi des hommes, qui souffrent du mirak ; mais ce sont des exceptions.

Agrippa (Henri-Corneille), médecin et philosophe, contemporain d’Érasme, l’un des savants hommes de son temps, dont on l’a appelé le Trismégiste ; né à Cologne en 1486, mort en 1535, après une carrière orageuse, chez le receveur général de Grenoble, et non à Lyon ni dans un hôpital, comme quelques-uns l’ont écrit, il avait été lié avec tous les grands personnages et recherché de tous les princes de son époque. Chargé souvent de négociations politiques, il fit de nombreux voyages, que Thevet, dans ses Vies des hommes illustres, attribue à la manie « de faire partout des tours de son métier de magicien ; ce qui le faisait reconnaître et chasser incontinent ».

 
Agrippa.
Agrippa.
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Entraîné par ses études philosophiques dans des excentricités où la magie intervenait, comme de nos jours le magnétisme et le spiritisme, il s’est égaré dans la théurgie des néo-platoniciens et s’est posé « héritier de l’école d’Alexandrie[1]. » Il a donc fait réellement de la magie, comme l’en accusent les démonologues, ou du moins il l’a tenté. Il s’est occupé aussi de l’alchimie, sans grand succès probablement, puisqu’il mourut pauvre. Il avait des prétentions à pénétrer l’avenir, et on raconte qu’il promit au connétable de Bourbon des succès contre François Ier, ce qui était peu loyal, car il était alors le médecin de Louise de Savoie. On croit pouvoir établir aussi qu’il avait étudié les arts extranaturels dans ces universités occultes qui existaient au moyen âge.

Sa Philosophie occulte lui attira des persécutions. On y voit, malgré d’habiles détours, les traces évidentes de la théurgie. Aussi il a laissé une certaine réputation parmi les pauvres êtres qui s’occupent, de sciences sécrètes, et on a mis sous son nom de stupides opuscules magiques. On croyait encore sous Louis XIV qu’il n’était pas mort. Voyez sa légende, où il est peut-être trop ménagé, dans les Légendes infernales.

Aguapa, arbré des Indes orientales dont on prétend que l’ombre est-venimeuse. Un homme vêtu qui s’endort sous cet arbre se relève tout enflé, et l’on assure qu’un homme nu crève sans ressource. Les habitants attribuent à la méchanceté du diable ces cruels effets. Voy. Bohon-Hupas.

Aguarès, grand-duc de la partie orientale des enfers. Il se montre sous les traits d’un seigneur à cheval sur un crocodile, l’épervier au poing.

 
Aguarès
Aguarès
 

Aguerre (Pierre d’). Sous Henri IV, dans cette partie des Basses-Pyrénées qu’on appelait le pays de Labour[2], on fit le procès en sorcellerie à un vieux coquin de soixante-treize ans, qui se nommait Pierre d’Aguerrè, et qui causait beaucoup de maux par empoisonnements, dits

  1. M. Gougenot des Mousseaux : La magie au dix-neuvième siècle, p. 210.
  2. Lapurdum, autrefois, dans la Gascogne.