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tants du Pérou ; il leur apprit à se nourrir des herbes et des fruits sauvages. Mais un jour, offensé par quelques Péruviens, il convertit en sables arides une partie de la terre, auparavant très-fertile partout ; il arrêta la pluie, dessécha les plantes ; et ensuite, ému de compassion, il ouvrit les fontaines et fit couler les rivières, pour réparer le mal qu’il avait causé… C’est un système qui n’est pas plus bête que celui des philosophes modernes.

Choux. Une croyance qui n’est pas extrêmement rare, c’est qu’on ne doit pas manger de choux le jour de saint Étienne, parce qu’il s’était caché dans un carré de choux pour éviter le martyre[1]… Conte très-stupide et superstition très-absurde.

Chrétiens. Dans les persécutions, on les accusait de magie.

Christolytes, hérétiques du sixième siècle, qui disaient que Notre-Seigneur avait laissé son corps et son âme aux enfers, et qu’il n’était remonté aux cieux qu’avec sa divinité.

Christophe. Autrefois, d’après une opinion exprimée par ce vers :

Christophorum videas postea tutus eas,

on croyait que celui qui avait vu quelque image de saint Christophe le matin était en sûreté toute la journée.

Christoval de la Garrade. Voy. Mamssane.

Chrysolithe, pierre précieuse qu’Albert le Grand regarde comme un préservatif contre la folie. Elle a encore, dit-il, la vertu de mettre le repentir dans le cœur de l’homme qui a fait des fautes…

Chrysomallon, nom du fameux bélier qui portait la toison d’or. On dit qu’il volait dans les airs, qu’il nageait en perfection, qu’il courait avec la légèreté d’un cerf, et que Neptune, dont il était le fils, l’avait couvert de soie d’or au lieu de laine. Il avait aussi l’usage de la parole, et donnait de bons avis. Il est le premier signe du zodiaque.

Chrysopée, œuvre d’or. C’est le nom grec que les alchimistes donnent à la pierre philosophai, ou à l’art de transmuer tous les métaux en or pur.

Chrysopole, démon. Voy. Olive.

Chrysoprase, pierre précieuse à laquelle la superstition attachait la propriété de fortifier la vue, de réjouir l’esprit et de rendre l’homme libéral et joyeux.

Ciaconius. Voy. Chacon.

Cicéron (Marcus Tullius). Leloyer dit qu’un spectre apparut à la nourrice de Cicéron : c’était, un démon de ceux qu’on appelle génies familiers. Il lui prédit qu’elle allaitait un enfant qui, un jour, ferait grand bien à l’État. « Mais d’où tenait-il tout cela ? me dira-t-on. Je répondrai : C’est la coutume du diable de bégayer dans les choses futures[2]. » Cicéron devint en effet ce qu’on sait. C’est lui qui disait qu’il ne concevait pas que deux augures pussent se regarder sans rire. Il a combattu quelques idées superstitieuses dans plusieurs de ses ouvrages, surtout dans les trois livres de la Nature des dieux, et dans les Tusculanes. Dans ses deux livres de la Divination, il reconnaît aux hommes le don de lire dans l’avenir.

Valère-Maxime conte que Cicéron, ayant été proscrit par les triumvirs, se retira dans sa maison de Formies, où les satellites des tyrans ne tardèrent pas à le poursuivre. Dans ces moments de trouble, il vit un corbeau arracher l’aiguille d’un cadran : c’était lui annoncer que sa carrière était finie. Le corbeau s’approcha ensuite de lui, comme pour lui faire sentir qu’il allait bientôt être sa proie, et le prit par le bas de sa robe, qu’il ne cessa de tirer que quand un esclave vint dire à l’orateur romain que des soldats arrivaient pour lui donner la mort. Les corbeaux d’aujourd’hui sont plus sauvages.

Ciel. Un tel article ne peut entrer dans ce dictionnaire qu’à propos de quelques folles croyances. Les musulmans admettent neuf cieux. Il y eut parmi les chrétiens des hérétiques qui en annonçaient trois cent soixante-cinq, avec des anges spécialement maîtres de chaque ciel. Voy. Basilide.

Bodin assure qu’il y a dix cieux, qui sont marqués par les dix courtines du tabernacle et par ces mots : « Les cieux sont les œuvres de tes doigts, » qui sont au nombre de dix[3]… Les rabbins prétendent que le ciel tourne sans cesse, et qu’il y a au bout du monde un lieu où le ciel touche la terre. On lit dans le Talmud que le rabbin Bar-Chana, s’étant arrêté en cet endroit pour se reposer, mit son chapeau sur une des fenêtres du ciel, et que, l’ayant voulu reprendre un moment après, il ne le retrouva plus, les cieux l’ayant emporté dans leur course : de sorte qu’il fallut qu’il attendît la révolution des mondes pour le rattraper.

Cienga. C’est chez quelques peuples de l’Océanie le mauvais esprit, le démon.

Cierges. On allume deux cierges à Scaer, en Bretagne, au moment du mariage ; on en place un devant le mari, l’autre devant la femme : la lumière la moins brillante indique celui des deux qui doit mourir le premier. L’eau et le feu, comme « chez les anciens, jouent un grand rôle chez les Bretons. Du côté de Guingamp, et ailleurs, quand on ne peut découvrir le corps d’un noyé, on met un cierge allumé sur un pain qu’on abandonne au cours de l’eau : on trouve, dit-on, le cadavre dans l’endroit où le pain s’arrête[4].

  1. Thiers, Traité des superstitions, t. I.
  2. Leloyer, Histoire et discours des spectres, liv. II, ch. v ; liv. III, ch. xvii.
  3. Préface de la Démonomanie des sorciers.
  4. Voyage de Cambry dans le Finistère, t. III, p. 159.