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Agricola et Nicétius, plus humains que l’autre, disaient : — Nous vous prions de le détacher, et, après l’avoir puni, de permettre qu’il s’en aille. L’évêque Tétricus répondit avec amertume de cœur : — Il n’en sera pas ainsi ; mais il sera châtié à cause de ses crimes. — Enfin, dit Gontrand, le résultat fut de précipiter cette pauvre âme dans une chaudière bouillante que j’aperçus de loin. Je ne pus retenir mes larmes lorsque je vis le misérable état de Chilpéric, jeté dans la chaudière, où tout à coup il parut fondu et dissous[1].

Chimère, monstre imaginaire, né en Lycie, que les poètes disent avoir été vaincu par Bellérophon ; il avait la tête et l’estomac d’un lion, le ventre d’une chèvre et la queue d’un dragon. Sa gueule béante vomissait des flammes. Les démonographes disent que c’était un démon.

Chimie. On la confondait autrefois avec l’alchimie. La chimie, selon les Persans, est une science superstitieuse qui tire ce qu’il y a de plus subtil dans les corps terrestres pour s’en servir aux usages magiques. Ils font Caron (le Coré du Pentateuque) inventeur de cette noire science qu’il apprit, disent-ils, de Moïse. Louis de Fontenettes, dans l’épître dédicatoire de son Hippocrate dépaysé, dit que « d’aucuns prétendent que » la chimie, qui est un art diabolique, a été inventée par Cham. »

China, idole de la Sénégambie. Elle a une tête de veau ; on lui offre en sacrifice du miel qu’on fait brûler, pour obtenir de bonnes récoltes.

Chion, philosophe d’Héraclée, disciple de Platon. Il fut averti en songe de tuer Cléarque, tyran d’Héraclée, qui était son ami. Il lui sembla voir une femme qui lui mit devant les yeux la bonne renommée qu’il acquerrait par le meurtre du tyran ; et, poussé par cette vision, il le tua. Mais ce qui prouve que c’était une vision diabolique, c’est que Cléarque, tyran tolérable, ayant été tué, fut remplacé par Satyre, son frère, bien plus cruel que lui, et que rien ne pouvait adoucir.

Chiorgaur. Voy. Gaurie.

Chiridirellès, démon qui secourt les voyageurs dans leurs besoins, et qui leur enseigne leur chemin lorsqu’ils sont égarés. On dit qu’il se montre à ceux qui l’invoquent sous la forme d’un passant à cheval.

Chiromancie ou Chiroscopie, art de dire la bonne aventure par l’inspection des lignes de la main. Cette science, que les bohémiens ont rendue célèbre, est, dit-on, très-ancienne. Nous en exposons les principes à l’article Main.

Chiron, non pas centaure, mais Hippocentaure, car, fils de Saturne, il était moitié Dieu et moitié cheval.

Chodar, démon que les nécromanciens nomment aussi Bélial ; il a l’orient pour district, et commande aux démons des prestiges.

Choquet (Louis), auteur d’un mystère très-rare intitulé l’Apocalypse de saint Jean Zèbédée, où sont comprises les visions et révélations qu’icelui saint Jean eut en l’île de Patmos ; In-fol, Paris, 1541.

Chorropique (Marie), sorcière bordelaise du temps de Henri IV, qui confessa s’être donnée au diable par le moyen d’un nommé Augerot d’Armore, lequel la mena dans une lande où elle trouva un grand seigneur vêtu de noir, avec la figure voilée. Il était entouré d’une infinité de gens richement habillés. Marie Chorropique ayant prononcé le nom de Jésus, tout disparut incon— tinent. Son guide ne vint la reprendre que trois heures après, la tança d’avoir prononcé le nom de Notre-Seigneur, et la conduisit au sabbat près d’un moulin, où elle retrouva le même seigneur noir, avec un nommé Menjoin, qui portait un pot de terre plein de grosses araignées enflées d’une drogue blanche, et deux crapauds qu’on tua à coups de gaule, et qu’on chargea Marie d’écorcher.

Ensuite, Augerot pila ces araignées dans un mortier avec les crapauds. On jeta cette composition sur des pâturages pour faire mourir les bestiaux. Après quoi, ces gens s’en allèrent au bourg d’Irauris, où ils prirent sans bruit un enfant au berceau. Augerot et Menjoin l’étranglèrent et le mirent entre son père et sa mère qui dormaient, afin que le père crût que sa femme l’avait étouffé, et que la mère à son tour accusât son mari. Ils en empoisonnèrent d’autres. Dans toutes ces exécutions, Marie Chorropique attendait les deux bandits à la porte. Que penser de ces récits ?

Elle dit encore que, dans un sabbat, elle vit deux sorcières qui apportèrent le cœur d’un enfant dont la mère s’était fait avorter, et qu’elles le gardèrent pour en faire un sacrifice au diable. Cette horrible sorcière fut brûlée le 2 octobre 1576[2].

Chouette, espèce de hibou de la grosseur d’un pigeon. La chouette ne paraît qu’au point du jour ou à l’approche de la nuit. Chez les Athéniens et les Siciliens, cet oiseau était d’un bon augure ; partout ailleurs, la rencontre d’une chouette est d’un mauvais présage. Cette superstition vit encore dans plusieurs contrées. Voy. Chevesche.

Choun, divinité adorée chez les Péruviens, qui racontaient ainsi son histoire : — Il vint des parties septentrionales un homme qui avait un corps sans os et sans muscles, et qui s’appelait Choun ; il abaissait les montagnes, comblait les vallées et se frayait un chemin dans les lieux inaccessibles. Ce Choun créa les premiers habi-

  1. Greg. Turon., Hist. franc, lib. VIII, cap. v. — Lenglet-Dufresnoy, Recueil de dissertations sur les apparitions, p. 72 de la préface.
  2. Delancre, Tab. de l’inconstance des démons, etc., p. 107.