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alors ne reculaient devant aucune calomnie. Ils la représentent comme ayant été très-versée dans l’art d’évoquer les esprits ; ils ajoutent que, sur la peau d’enfant qu’elle portait au cou, étaient représentées plusieurs divinités païennes. Étant tombée gravement malade, elle remit, disent-ils, à M. de Mesmes une boîte hermétiquement fermée, en lui faisant promettre de ne jamais l’ouvrir et de la lui rendre si elle revenait à la vie. Longtemps après, les enfants du dépositaire, ayant ouvert la boîte, dans l’espoir d’y trouver des pierreries ou un trésor, n’y découvrirent qu’une médaille de forme antique, large et ovale, où Catherine de Médicis était représentée à genoux, adorant les Furies et leur présentant une offrande.

Ce conte absurde donne la mesure de vingt autres. Catherine de Médicis survécut à M. de Mesmes, et elle n’aurait pas manqué de retirer la cassette.

Elle avait attaché à sa personne, suivant l’usage du temps, quelques astrologues, parmi lesquels il ne faut pas oublier l’illustre Luc Gauric. Ils lui prédirent que Saint-Germain la verrait mourir. Dès lors elle ne voulut plus demeurer à Saint-Germain en Laye et n’alla plus à l’église de Saint-Germain d’Auxerre. Mais l’évêque de Nazareth, l’ayant assistée à l’heure de sa mort, on regarda la prédiction comme accomplie, attendu que ce prélat s’appelait Nicolas de Saint-Germain.

Catho (Angelo), savant habile dans l’astrologie, qui prédit à Charles le Téméraire sa mort funeste. Le duc de Bourgogne n’en tint compte, et perdit tout, comme on sait. Malheureusement, rien ne prouve que la prédiction ait été faite en temps utile.

Louis XI estimait tant Angelo Catho, à cause de sa science, qu’il lui donna l’archevêché de Vienne, en Dauphiné. C’est peut-être pour cela que les protestants en ont fait un astrologue.

Catiau, sorcier contemporain, condamné par le tribunal de Béthune, le 30 juillet 1850. Voici le résumé des faits à cette date :

« Salvien-Édouard-Joseph Catiau, aujourd’hui âgé de soixante ans, tisserand, demeurant à Loos, près Lens, vivait péniblement de son travail, lorsqu’il eut, il y a cinq ans environ, la pensée de vivre aux dépens de la sottise humaine. Bien des gens de la campagne, beaucoup de nos villes aussi, sont disposés, lorsque plusieurs accidents ou malheurs leur arrivent, à les attribuer à une influence secrète et maligne. On leur a jeté un sort ; c’est ce sort que Catiau va entreprendre de conjurer. Sa clientèle, d’abord restreinte, s’augmente peu à peu. Nous voyons une femme de Douvrin, la dame Cappe, qui perd successivement ses poulets et sa basse-cour ; Catiau lui fait faire une neuvaine ; des Pater, des Ave Maria récités journellement enlèveront le sort.

» Plus tard, Catiau élargit le cercle de ses opérations : ce ne sera plus le sort jeté sur les animaux qu’il conjurera, c’est aux maladies humaines qu’il va s’attaquer. Charles Delhaye, âgé de soixante-huit ans, rentier à Richebourg-l’Avoué, est atteint d’une hernie ; il va voir Catiau chez son gendre. Catiau lui dit qu’il a reçu des missionnaires d’Amiens le pouvoir de guérir les hernies ; pour cela il faut boire de l’eau que Catiau a heureusement chez lui et qui vient d’une fontaine de Rome où Y ange va se baigner une fois par an. Cette consultation merveilleuse coûte 150 fr. au père Delhaye. Il prend encore plusieurs bouteilles d’eau ; toutes lui sont cédées généreusement au prix de 10 fr. chacune.

» Comme on le voit, la matière exploitable était bonne. Catiau ne se fait pas faute d’en user ; il fait croire à Delhaye que ses intelligences avec les puissances surnaturelles lui font entrevoir que la guerre de Crimée reviendra envahir la France ; qu’il faut se hâter de faire des provisions de blé, parce que tout va être pillé, et que ceux qui seront pris au dépourvu mourront de faim. Pour arriver à ce but, il faut que Delhaye retire des mains d’un notaire (car les notaires vont disparaître avec tout le reste, sort fatal !) tout l’argent qu’il lui a donné en dépôt ; avec cet argent, qu’il achète de grandes quantités de blé qu’il mettra dans des sacs tissus par la main de filles vierges, et que Catiau a seul le bonheur de posséder, mais qu’il cédera au prix modeste de 9 fr. la pièce. Delhaye retire en effet un peu d’argent, pas trop, car le paysan commence à se réveiller et à retrouver sa malice ; il achète un peu de blé qu’il met dans des sacs immaculés. Mais le blé ne se conserve pas ; et puis Catiau s’avise de découvrir qu’outre sa hernie, Delhaye est atteint de la pierre. Pour le coup, c’en est trop ; Catiau lui a pris plus de 1, 200 fr., il veut encore le gratifier d’une souffrance qu’il est sûr de ne pas avoir. Il porta sa plainte, et c’est ainsi que les hauts faits du sorcier arrivent à la connaissance du public, et malheureusement pour lui à celle de la justice, qui poursuit ses investigations, découvre une énorme série de faits et condamne le sorcier à cinq ans de prison. »

Catillus. Voy. Gilbert.

Catoblepas, serpent qui donne la mort à ceux qu’il regarde, si on en veut bien croire Pline. Mais la nature lui a fait la tête fort basse, de manière qu’il lui est difficile de fixer quelqu’un. On ajoute que cet animal habite près de la fontaine Nigris, en Éthiopie, que l’on prétend être la source du Nil.

Caton le Censeur. Dans son livre De re rustica, il enseigne, parmi divers remèdes, la manière de remettre les membres démis, et donne même les paroles enchantées dont il faut se servir.