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sans doute le diable n’a pas souvent imaginé de prendre. — Un jour qu’il revenait de visiter une de ses petites métairies, accompagné d’un serviteur aussi crédule que lui, l’abbé Adam racontait comment le diable l’avait harcelé dans son voyage. L’esprit malin s’était montré sous la figure d’un arbre blanc de frimas, qui semblait venir à lui. — C’est singulier, dit un de ses amis ; n’étiez-vous pas la proie de quelque illusion causée par la course de votre cheval ? — Non, c’était Satan. Mon cheval s’en effraya ; l’arbre pourtant passa au galop et disparut derrière nous, il laissait une certaine odeur qui pouvait bien être du soufre. — Odeur de brouillard, marmotta l’autre. — Le diable reparut, et cette fois c’était un chevalier noir qui s’avançait vers nous pareillement. — Éloigne-toi, lui criai-je d’une voix étouffée. Pourquoi m’attaques-tu ? Il passa encore, sans avoir l’air de s’occuper de nous. Mais il revint une troisième fois, ayant la forme d’un homme grandit pauvre, avec un cou long et maigre. Je fermai les yeux et ne le revis que quelques instants plus tard sous le capuchon d’un petit moine. Je crois qu’il avait sous son froc une rondache dont il me menaçait. — Mais, interrompit l’autre, ces apparitions ne pouvaient-elles pas être des voyageurs naturels ? — Comme si on ne savait pas s’y reconnaître ! comme si nous ne l’avions pas vu derechef sous la figure d’un pourceau, puis sous celle d’un âne, puis sous celle d’un tonneau qui roulait dans la campagne, puis enfin sous la forme d’une roue de charrette qui, si je ne me trompe, me renversa, sans toutefois me faire aucun mal ! — Après tant d’assauts, la route s’était achevée sans autres mal-encontres[1]. Voy. Hallucinations.

Adamantius, médecin juif, qui se fit chrétien à Constantinople, sous le règne de Constance, à qui il dédia ses deux livres sur la Physiognomonie ou l’art de juger les hommes par leur figure. Cet ouvrage, plein de contradictions et de rêveries, a été imprimé dans quelques collections, notamment dans les Scriptores physiognomoniæ veteres, grec et latin, cura J.-G.-F. Franzii ; Altembourg, 1780, in-8o.

Adamiens ou Adamites. Hérétiques du second siècle, dans l’espèce des basilidiens. Ils se mettaient nus et proclamaient la promiscuité des femmes. Clément d’Alexandrie dit qu’ils se vantaient d’avoir des livres secrets de Zoroastre, ce qui a fait conjecturer à plusieurs qu’ils étaient livrés à la magie.

Adelgreiff (Jean-Albert), fils naturel d’un pasteur aller mand, qui lui apprit le latin, le grec, l’hébreu et’plusieurs langues modernes. Il de-, vint fou et crut avoir des visions. Il disait que sept anges l’avaient chargé de représenter Dieu sur la terre et de châtier les souverains avec des verges de fer. Il signait ses décrets : « Jean Albrecht Àdelgreiff, Kihi Schmalk hitmandis, archi-souverain pontife, roiduroyau-me des ci eux, juge des vivants et des morts, Dieu et père, dans la gloire duquel le Christ viendra, au dernier jour, Seigneur de tous les seigneurs et Roi de tous les rois. » Il causa beaucoup de troubles par ses extravagances, qui trouvèrent, comme toujours, des partisans. On lui attribua des prodiges, et il fut brûle à Kœnigsberg comme magicien, hérétique et perturbateur, le 11 octobre 1636. Il avait prédit avec assurance qu’il ressusciterait le troisième jour, ce qui ne s’est pas vérifié.

Adeline, ou plutôt Edeline. Voy. ce mot.

Adelites, devins espagnols qui se vantaient de prédire par le vol ou le chant des oiseaux ce qui devait arriver en bien ou en mal.

 
Adelites
Adelites
Adelites.
 

Adelung (Jean-Christophe), littérateur alle-

  1. Robert Gaguin, Philipp.