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Les Gallois racontent que saint David, en mourant, demanda au ciel une faveur spéciale pour ses diocésains, et qu’il obtint qu’aucun d’eux ne mourrait sans avoir reçu d’avance un avis de sa fin prochaine. À cet effet une lumière, qu’on appelle chandelle de la mort, sort de la maison dont un habitant doit mourir, se dirige vers le cimetière et s’évanouit à la place que doit occuper le futur défunt ; mais comme cette merveille a lieu la nuit, il est rare qu’on la voie.

Caous. Les Orientaux donnent ce nom à des génies malfaisants qui habitent les cavernes du Caucase.

Capnomancie, divination par la fumée. Les anciens en faisaient souvent usage : on brûlait de la verveine et d’autres plantes sacrées : on observait la fumée de ce feu, les figures et la direction qu’elle prenait, pour en tirer des présages. On distinguait deux sortes de capnomancie : l’une qui se pratiquait en jetant sur des charbons ardents des grains de jasmin ou de pavot, et en observant la fumée qui en sortait ; l’autre, qui était la plus usitée, se pratiquait par la méthode que nous avons indiquée d’abord. Elle consistait aussi à examiner la fumée des sacrifices. Quand cette fumée était légère et peu épaisse, c’était bon augure. On respirait même cette fumée ; et l’on pensait qu’elle donnait des inspirations.

Cappautas, grosse pierre brute qui, dans les croyances populaires, guérissait de la frénésie ceux qui allaient s’y asseoir ; elle se trouvait à trois stades de Gytheum en Laconie.

Caperon, doyen de Saint-Maixant. Il publia, dans le Mercure de 1726, une lettre sur les fausses apparitions ; Lenglet-Dufresnoy l’a réimprimée dans son recueil. Il montre peu de crédulité et combat les fausses apparitions avec des raisons assez bonnes. Il conte qu’un jour il fut consulté sur une femme qui disait voir chaque jour, à midi, un esprit en figure d’homme, vêtu de gris, avec des boutons jaunes, lequel la maltraitait fort, lui donnant même de grands soufflets ; ce qui paraissait d’autant plus certain qu’une voisine protestait qu’ayant mis sa main contre la joue de cette femme dans le temps qu’elle se disait maltraitée, elle avait senti quelque chose d’invisible qui la repoussait. Ayant reconnu que cette femme était fort sanguine, Capperon conclut qu’il fallait lui faire une saignée, avec la précaution de lui en cacher le motif ; ce qui ayant été exécuté, l’apparition s’évanouit.

Tous les traits qu’il rapporte et tous ses raisonnements prouvent que les vapeurs ou l’imagination troublée sont la cause de beaucoup de visions. Il admet les visions rapportées dans les livres saints ; mais il repousse les autres un peu trop généralement. Il parle encore d’une autre femme à qui un esprit venait tirer toutes les nuits la couverture. Il lui donna de l’eau, en lui disant d’en asperger son lit, et ajoutant que cette eau, particulièrement bénite contre les revenants, la délivrerait de sa vision. Ce n’était que de l’eau ordinaire ; mais l’imagination de la vieille femme se rassura par ce petit stratagème, qu’elle ne soupçonnait pas, et elle : ie vit plus rien. Voyez Hallucinations.

Capricorne. L’un des signes du zodiaque. C’est Pan, qui, à l’assaut des Titans, eut peur et se changea en bouc. Voy. Horoscopes.

Capucin. Ce sont les protestants qui ont mis à la mode ce stupide axiome superstitieux que la rencontre d’un capucin était un mauvais pré-


sage. Un jour que l’abbé de Voisenon était allé à la chasse sur un terrain très-giboyeux, il aperçut un capucin. Dès ce moment il ne tira plus un coup juste, et comme on se moquait de lui : « Vraiment, messieurs, dit-il, vous en parlez fort à votre aise ; vous n’avez pas rencontré un capucin[1]. »

Caqueux ou Cacoux. Les cordiers, nommés caqueux ou cacoux, en Bretagne, sont relégués dans certains cantons du pays comme des espèces de parias ; on les évite ; ils inspirent même de l’horreur, parce qu’ils font des cordes, autrefois instruments de mort et d’esclavage. Ils ne s’alliaient jadis qu’entre eux, et l’entrée des églises leur était interdite. Ce préjugé commence à se dissiper ; cependant ils passent encore pour sorciers. Ils profitent de ce renom ; ils vendent des talismans qui rendent invulnérable, des sachets à l’aide desquels on est invincible à la lutte ; ils prédisent l’avenir ; on croit aussi qu’ils jettent de mauvais vents. On les disait, au quinzième siècle, Juifs d’origine, et séparés par la lèpre du reste des hommes. Le duc de Bretagne, François II, leur avait enjoint de porter une marque de drap rouge sur un endroit apparent de leur robe. On a conté que le vendredi saint tous les caqueux versent du sang par le nombril. Néanmoins on ne fuit plus devant les cordiers ; mais on ne s’allie pas encore aisément avec leurs familles[2]. N’est-ce pas ici la même origine que celle des cagots ? Voy. ce mot.

  1. M. Salgues, Des erreurs et des préjugés, etc., t. I, p. 509.
  2. 2 Cambry, Voyage dans le Finistère, t. III, p. 146 ; t. I, etc.