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Sans parler des jeûnes merveilleux dont il est fait mention dans la vie de quelques saints, Marie Pelet de Laval, femme du Hainaut, vécut trente-deux mois (du 6 novembre 1754 au 25 juin 1757) sans recevoir aucune nourriture, ni solide ni liquide. Anne Harley, d’Orival, près de Rouen, se soutint vingt-six ans en buvant seulement un peu de lait qu’elle vomissait quelques moments après l’avoir avalé. On citerait d’autres exemples.

Dans les idées des Orientaux, les génies ne se nourrissent que de fumées odorantes qui ne produisent point de déjections.

Abundia, fée bienfaisante honorée en Thuringe comme protectrice. Elle visite les maisons, où elle mange et boit avec ses compagnes ce qu’on leur a préparé, mais sans que rien des mets soit diminué par elles. Elles soignent les étables ; et on a des marques de leur passage par des gouttes de leurs cierges de cire jaune, qu’on remarque sur la peau des animaux domestiques.

Acatriel, l’un des trois princes des bons démons, dans la cabale juive, qui admet des démons de deux natures.

Acca-Laurentia, appelée aussi Lupa : la Louve, à cause de ses mœurs débordées, était mise au rang des divinités dans l’ancienne Rome, pour avoir adopté et nourri Romulus.

Accidents. Beaucoup d’accidents peu ordinaires, mais naturels, auraient passé autrefois pour des sortilèges. Voici ce qu’on lisait dans un journal de 1841 : — « Mademoiselle Adèle Mercier (des environs de Saint-Gilles), occupée il y a peu de jours à arracher dans un champ des feuilles de mûrier, fut piquée au bas du cou par une grosse mouche qui, selon toute probabilité, venait de sucer le cadavre putréfié de quelque animal, et qui déposa dans l’incision faite par son dard une ou quelques gouttelettes du suc morbifique dont elle s’était repue. La douleur, d’abord extrêmement vive, devint insupportable. Il fallut que mademoiselle Mercier fut reconduite chez elle et qu’elle se mît au lit. La partie piquée s’enfla prodigieusement en peu de temps : l’enflure gagna. Atteinte d’une fièvre algide qui acquit le caractère le plus violent, malgré tous les soins qui lui furent prodigués, et quoique sa piqûre eût été cautérisée et alcalisée, mademoiselle Mercier mourut le lendemain, dans les souffrances les plus atroces. »

Le Journal du Rhône racontait ce qui suit en juin 1841 : — « Un jeune paysan des environs de Bourgoin, qui voulait prendre un repas de cerises, commit l’imprudence, lundi dernier, de monter sur un cerisier que les chenilles avaient quitté après en avoir dévoré toutes les feuilles. Il y avait vingt minutes qu’il satisfaisait son caprice ou son appétit, lorsque presque instantanément il se sentit atteint d’une violente inflammation à la gorge. Le malheureux descendit en poussant péniblement ce cri : J’étouffe ! J’étouffe ! Une demi-heure après il était mort. On suppose que les chenilles déposent dans cette saison sur les cerises qu’elles touchent une substance que l’œil distingué à peine ; mais qui n’en est pas moins un poison. C’est donc s’exposer que de manger ces fruits sans avoir pris la sage précaution de les laver. »

Accouchements. Chez les Grecs, les charmeuses retardaient un accouchement, un jour, une semaine et davantage ; en se tenant les jambes croisées et les doigts entrelacés à la porte de la pauvre femme prise des douleurs de l’enfantement. Voy. Aétite.

Accouchements prodigieux. Torquemada, dans son Examéron, cité une femme qui mit au monde sept enfants à la fois, à Médina del Campo ; une autre femme de Salamanque qui en eut neuf d’une seule couche. Jean Pic de la Mirandole assure qu’une femme de son pays eut vingt enfants en deux grossesses, neuf dans l’une et onze dans l’autre. Voy. Irmentrude, Trazégnies, Imagination. Torquemada parle aussi d’une Italienne qui mit au monde soixante-dix enfants à la fois ; puis il rapporte, comme à l’abri du doute, ce que conte Albert le Grand, qu’une Allemande enfanta, d’une seule couche, cent cinquante enfants, tous enveloppés dans une pellicule, grands comme le petit doigt et très-bien formés[1].

Acham, démon que l’on conjure le jeudi. Voy. Conjuration.

Achamoth, esprit, ange ou éon du sexe féminin, mère de Jéhovah, dans les stupides doctrines des valentiniens.

Acharai-Rioho, chef des enfers chez les Yakouts. Voy. Mang-taar.

Achéron, fleuve de douleur dont les eaux sont amères ; l’un des fleuves de l’enfer des païens. Dans des relations du moyen âge, l’Achéron est un monstre ; dans la mythologie grecque, Achéron était un homme qui donna à boire aux Titans altérés ; Jupiter l’en châtia en le changeant en fleuve et le jetant dans les enfers.

Achérusie, marais d’Égypte près d’Héliopolis. Les morts le traversaient dans une barque, lorsqu’ils avaient été jugés dignes des honneurs de la sépulture. Les ombres des morts enterrés dans le cimetière voisin erraient, disait-on, sur les bords de ce marais, que quelques géographes appellent un lac.

Achguaya-Xerac. Voy. Guayotta.

Achmet, devin arabe du neuvième siècle, auteur d’un livre De l’interprétation des songes, suivant les doctrines de l’Orient. Le texte original de ce livre est perdu ; mais Rigault en a fait

  1. Plusieurs de ces faits, s’ils sont bien, authentiques, peuvent être des miracles. Une aventure plus prodigieuse, et qui est admise comme un châtiment miraculeux, a eu lieu en Hollande. Voyez, dans les Légendes des Vertus théologales : Les plats de Loosduynen.