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légion. Il s’était logé dans le corps d’une possédée de Beauvais, au commencement du dix-septième siècle.

Brigitte (sainte). Il y a dans les Révélations de sainte Brigitte de terribles peintures de l’enfer. Les ennemis de la religion ont trouvé dans ces écrits un thème à leurs déclamations. Mais ce ne sont pas là des livres canoniques ; l’Église n’ordonne pas de les croire, et ils ne s’adressent pas à toute sorte de lecteurs.

Brinvilliers (Marie-Marguerite, marquise de),


femme qui, de 1666 à 1672, empoisonna, ou du moins fut accusée d’avoir empoisonné, sans motifs de haine, quelquefois même sans intérêt, parents, amis, domestiques ; elle allait jusque dans les hôpitaux donner du poison aux malades. Il faut attribuer tous ces crimes à une horrible démence ou à cette dépravation atroce dont on ne voyait autrefois d’autre explication que la possession du diable. Aussi a-t-on dit qu’elle s’était vendue à Satan.

Dès l’âge de sept ans, la Brinvilliers commença, dit-on, sa carrière criminelle, et il a été permis à des esprits sérieux de redouter en elle un affreux démon possesseur. Elle fut brûlée en 1676. Les empoisonnements continuèrent après sa mort. Voy. Voisin.

Dans l’Almanach prophétique de 1842, M. Eugène Bareste a tenté de justifier la marquise de Brinvilliers. Mais il n’est pas possible qu’on l’ait noircie. — Gôrres, dans sa Mystique, reconnaît dans les crimes de cette femme l’influence satanique, comme on a pu la voir de nos jours dans un monstre appelé Dumollard.

Brioché (Jean), arracheur de dents qui, vers l’an 1650, se rendit fameux par son talent dans l’art de faire jouer les marionnettes. Après avoir amusé Paris et les provinces, il passa en Suisse et s’arrêta à Soleure, où il donna une représentation en présence d’une assemblée nombreuse, qui ne se doutait pas de ce qu’elle allait voir, car les Suisses ne connaissaient pas les marionnettes. À peine eurent-ils aperçu Pantalon, le diable, le médecin, Polichinelle et leurs bizarres compagnons, qu’ils ouvrirent des yeux effrayés. De mémoire d’homme, on n’avait entendu parler dans le pays d’êtres aussi petits, aussi agiles et aussi babillards que ceux-là. Ils s’imaginèrent que ces petits hommes qui parlaient, dansaient, se battaient et se disputaient si bien ne pouvaient être qu’une troupe de lutins aux ordres de Brioché.

Cette idée se confirmant par les confidences que les spectateurs se faisaient entre eux, quelques-uns coururent chez le juge, et lui dénoncèrent le magicien.

Le juge, épouvanté, ordonna à ses archers d’arrêter le sorcier, et l’obligea à comparaître devant lui. On garrotta Brioché, on l’amena devant le magistrat, qui voulut voir les pièces du procès ; on apporta le théâtre et les démons de Dois, auxquels on ne touchait qu’en frémissant ; et Brioché fut condamné à être brûlé avec son attirail. Cette sentence allait être exécutée, lorsque survint un nommé Dumont, capitaine des gardes suisses au service du roi de France : curieux de voir le magicien français, il reconnut le malheureux Brioché qui l’avait tant fait rire à Paris. Il se rendit en toute hâte chez le juge : après avoir fait suspendre d’un jour l’arrêt, il lui expliqua l’affaire, lui fit comprendre le mécanisme des marionnettes, et obtint l’ordre de mettre Brioché en liberté. Ce dernier revint à Paris, se promettant bien de ne plus songer à faire rire les Suisses dans leur pays[1] .

Brizomantie, divination par l’inspiration de Brizo, déesse du sommeil ; c’était l’art de deviner les choses futures ou cachées par les songes naturels.

Brocéliande, forêt enchantée des romans de chevalerie.

Brognoli, savant religieux italien de l’ordre des frères mineurs, a exorcisé et délivré plusieurs énergumènes et laissé un livre curieux, intitulé Alexicacon, hoc est de maleficiis ac moribus maleficis cognoscendis. Venise, 1714>

Brohon (Jean), médecin de Coutances, au seizième siècle. Des amateurs recherchent de lui : 1° Description d’une prodigieuse et merveilleuse comète, avec un traité présagique des comètes ; in-8o, Paris, 1568. — 2° Almanach, ou Journal astrologique, avec les jugements pronostiques pour l’an 1572; Rouen, 1571, in—12.

Brolic (Corneille), jeune garçon du pays de Labourd, que Pierre Delancre interrogea comme sorcier au commencement du dix-septième siècle. Il avoua qu’il fut violenté pour baiser le derrière du diable, a Je ne sais s’il dit cela par modestie, ajoute Delancre ; car c’est un fort civil enfant. Mais il ajouta qu’il soutint au diable qu’il aimerait mieux mourir que lui baiser le derrière, si bien qu’il ne le baisa qu’au visage ; et il eut beau

  1. Lettres de Saint-André sur la magie, Dèmoniana, Dictionnaire d’anecdotes suisses.