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La préface dictée par le Sauveur fait Notre-Seigneur Jésus-Christ Genevois et calviniste renforcé. Remarquez bien que c’est le Sauveur lui-même qui a parlé de Genève comme suit :

« Cette table n’est point à Bethléem. Tu ne la trouveras ni sur le Golgotha ni sur le Calvaire ; non. Cette table n’est point non plus à Jérusalem ; mais elle est à Genève, dans la petite ville que me prépara mon serviteur Calvin ; oui, c’est la fille de ce digne missionnaire qui reçoit aujourd’hui les honneurs des cieux.

» Bethléem fut bénie ; mais Dieu regarde Genève. Le Sinaï trembla sous le pied de Jéhovah ; mais Genève chante sous son regard d’amour. Le Calvaire se fendit à l’ouïe de la voix de Dieu ; mais Genève s’épanouit comme une fleur à l’appel de sa douce voix. La colère de Jéhovah couvrit Jérusalem comme un déluge ; mais Genève va se couvrir de la rosée de son souffle paternel. La foudre de Jéhovah frappera la ville rebelle et maudite ; mais un bon père sourit à Genève.

» Oui, Genève ! ville bénie qui fus dès ton enfance couchée sur les bras de ton Dieu, appelle tes eaux el tes riantes campagnes pour bénir le jour de l’Éternel !

» Un Dieu, jadis, fit la garde sur tes remparts, et tes enfants écrivirent de leur sang sur tes murs : « La liberté et l’amour d’un Dieu et de leur patrie ! » Genève ! relève-toi !… debout !… monte sur les cadavres de tes ennemis… et proclame encore la liberté de ton Dieu ! Genève, tu as encore des remparts… ne crains point ! car ces remparts sont l’Éternel ton Dieu, l’Éternel des armées, le Dieu des combats, le maître des batailles…

» Genève, petite ville d’entre les villes, tu es grande devant le Seigneur, parce que tu as gardé la foi pour servir de flambeau aux nations de la terre !

» Genève, Genève, ô Genève ! Rome s’avance tenant à la main un joug de fer. Genève, tu es libre, prends garde ! tu porteras la couronne de victoire, mais tes pieds ne seront jamais souillés par les fers ennemis. Ton épée se rougira, mais ton front restera pur comme le lis sous la rosée.

» Enfants de Genève, restez dans vos murs pour défendre la mère qui vous cacha au jour du danger. Tes portes, Genève, c’est le bras de l’Éternel, et "sa voix est ton canon d’alarme.

» Ami lecteur, si tu as un cœur patriotique, tu me pardonneras ma petite digression ; mais je n’ai pu retenir le torrent qui bouillonnait dans mon âme. Aimes-tu ta patrie ? Oh ! si tu l’aimes, cours aux armes, car sa voix t’appelle, et tu pourrais un jour pleurer le sang qu’elle versa sous le feu ennemi. Oui, enfants libres d’un même Dieu, prenez vos armes et courez à la frontière ! Mais vos armes, ô enfants de Genève ! c’est la Bible de votre Roi. »

Bos (Françoise). Le 30 janvier 1606, le juge de Gueille procéda contre une femme de mauvaise vie que la clameur publique accusait d’avoir un commerce abominable avec un démon incube. Elle était mariée et se nommait Françoise Bos. De plus elle avait séduit plusieurs de ses voisines et les avait engagées à se souiller avec ce prétendu démon, qui avait l’audace de se dire capitaine du Saint-Esprit, mais qui, au témoignage desdites voisines, était fort puant. Cette dégoûtante affaire se termina par la condamnation de Françoise Bos, qui fut brûlée le 14 juillet 1606. — On présume, par l’examen des pièces, que le séducteur était un misérable vagabond[1].

Bosc (Jean du), président de la cour des aides de Rouen, décapité comme rebelle en 1562. On a de lui un livre intitulé Traité de la vertu et des propriétés du nombre septénaire.

Botanomancie, divination par le moyen des feuilles ou rameaux de verveine et de bruyère, sur lesquelles les anciens gravaient les noms et les demandes du consultant.

On devinait encore de cette manière : lorsqu’il y avait eu un grand vent pendant la nuit, on allait voir de bon matin la disposition des feuilles tombées, et des charlatans prédisaient ou déclaraient là-dessus ce que le peuple voulait savoir.

Botis. Voy. Otis.

Botris ou Botride, plante dont les feuilles sont velues et découpées, et les fleurs en petites grappes. Les gens à secrets lui attribuent des vertus surprenantes, et particulièrement celle de faire sortir avec facilité les enfants morts du sein de leur mère.

Boubenhore (Michel-Louis de), jeune Allemand de bonne famille qui, entraîné par la passion du jeu, se donna au démon dans un moment où il avait tout perdu, fut possédé aussitôt et poussé au crime. Les exorcismes le délivrèrent devant une foule immense de personnages considérables, et son histoire ne peut être contestée : on peut la lire dans les Légendes infernales.

Bouc. C’est sous la forme d’un grand bouc noir aux yeux étincelants que le diable se fait adorer au sabbat ; il prend fréquemment cette figure dans ses entrevues avec les sorcières, et le maître des sabbats n’est pas autrement désigné dans beaucoup de procédures que sous le nom de bouc noir ou grand bouc. Le bouc et le manche à balai sont aussi la monture ordinaire des sorcières, qui partent par la cheminée pour leurs assemblées nocturnes.

Le bouc, chez les Égyptiens, représentait le dieu Pan, et plusieurs démonographes disent que Pan est le démon du sabbat. Chez les Grecs, on immolait le bouc à Bacchus ; d’autres démo-

  1. M. Garinet, Histoire de la magie en France.