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On attache à Marseille quelques idées superstitieuses au bœuf gras qu’on promène, dans cette ville, au son des flûtes et des timbales, non pas, comme partout, le jour du carnaval, mais la veille

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et le jour de la Fête-Dieu. Des savants ont cru voir là une trace du paganisme ; d’autres ont prétendu que c’était un usage qui remontait au bouc émissaire des Juifs. Mais Rulfi, dans son Histoire de Marseille, rapporte un acte du quatorzième siècle qui découvre l’origine réelle de cette coutume. Les confrères du Saint-Sacrement, voulant régaler les pauvres, achetèrent un bœuf et en avertirent le peuple en le promenant par la ville. Ce festin fit tant de plaisir qu’il se renouvela tous les ans ; depuis il s’y joignit de petites croyances. Les vieilles femmes crurent préserver les enfants de maladie en leur faisant baiser ce bœuf ; tout le monde s’empressa d’avoir de sa chair, et on regarde encore aujourd’hui comme très-heureuses les maisons à la porte desquelles il veut bien, dans sa marche, déposer ses déjections.

Parmi les bêtes qui ont parlé, on peut compter les bœufs. Fulgose rapporte qu’un peu avant la mort de César un bœuf dit à son maître qui le pressait de labourer : — « Les hommes manqueront aux moissons, avant que la moisson manque aux hommes. »

On voit dans Tite-Live et dans Valère-Maxime que pendant la deuxième guerre punique un bœuf cria en place publique : — « Rome, prends garde à toi ! » — François de Torre-Blanca pense que ces deux bœufs étaient possédés de quelque démon[1]. Le père Engelgrave (Lux evangelica, page 286 des Dominicales) cite un autre bœuf qui a parlé. Voy. Béhémoth.


Bogaha, arbre-dieu de l’île de Ceylan. On conte que cet arbre traversa les airs afin de se rendre d’un pays très-éloigné dans cette île sainte ; qu’il enfonça ses racines dans le sol pour servir d’abri au dieu Bouddha, et qu’il le couvrit de son ombrage tout le temps que ce dieu demeura sur la terre. Quatre-vingt-dix-neuf rois ont eu l’honneur d’être ensevelis aux pieds du grand arbre-dieu. Ses feuilles sont un excellent préservatif contre tout maléfice et sortilège. Un nombre considérable de huttes l’environnent pour recevoir les pèlerins ; et les habitants plantent partout de petits bogahas, sous lesquels ils placent des images et allument des lampes. Cet arbre, au reste, ne porte aucun fruit et n’a de recommandable que le culte qu’on lui rend.

Bogarmiles, Bogomiles et Bongomiles. Sorte de manichéens qui parurent à Constantinople au douzième siècle. Ils disaient que ce n’est pas Dieu, mais un mauvais démon qui a créé le monde. Ils étaient iconoclastes.

Boggart, lutin pygmée de l’espèce des Cluricaunes, souvent méchant. Il est connu en Irlande. Voyez la légende d’un de ces esprits dans les Légendes des esprits et des démons.

Bogies, lutins écossais, de l’espèce des Kobolds et des Gobelins.

Boglia. Les indigènes de l’Australie donnent le nom de Boglia à l’homme endiablé que nous appelons un sorcier.

Boguet (Henri), grand juge de la terre de Saint-Claude au comté de Bourgogne, mort en 1619, auteur d’un livre plein d’une crédulité souvent puérile et d’un zèle outré contre la sorcellerie. Ce livre, publié au commencement du


dix-septième siècle, est intitule Discours des sorciers, avec six avis en fait de sorcellerie et une instruction pour un juge en semblable matière[2].

    teutonici philosophi, dams præcipuarum rerum quæ in reliquis suis scriptis occurruntpro incipientibus ad ulleriorem considerationem revelationis divinæ conscripta, 1624, un vol. in-4o.

  1. Epit. deliclor. sive de magia, lib. II, cap. xv.
  2. Un vol. in-8o. Paris, 1603 ; Lyon, 1602, 4 607, 1608, 1610 ; Rouen, 1606. Toutes ces éditions sont très-rares, parce que la famille de Boguet s’efforça d’en supprimer les exemplaires.