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PRÉLIMINAIRE.


en silence de sa véracité. J’ai connu, dans un village des Ardennes, deux hommes, maintenant bien portans, qui ont boité plus d’un an, pour se faire guérir à l’attouchement du saint-suaire. Et en avouant la supercherie, ils se · faisaient passer pour impies, ingrats et endiablés, sans persuader ceux qui les écoutaient, de l’impuissance des reliques, et sans gâter, le moins du monde, la réputation du miracle. Que devons-nous penser des anciens prodiges, quand de nos jours on rejette la vérité, pour s'en tenir au mensonge.

Que des peuples ignorans aient été imbus d’erreurs grossières ; que les Américains aient pris les Espagnols pour des démons ; que les Krudner, les Adam-Muller, les Glintz, prophétisent dans les hameaux du Nord ; qu’ils publient leurs visions extravagantes ; que, de leur plein pouvoir, ils annoncent aux villageois effrayés la colère d’un Dieu qu’ils ne peuvent comprendre : il n’y a rien là qui doive bien étonner. Mais nous, que nous croupissions encore dans la superstition, quand nous pouvons en sortir, que nous recherchions les ténèbres, comme le hibou, quand nous pouvons, comme l’aigle, regarder le soleil : voilà ce qui passe toute imagination. Je sais qu’il se trouve en