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DISCOURS

De quelque côté que l’on se tourne, dit Cicéron, on ne trouve que des superstitions. Si vous écoutez un devin, si vous entendez un mot de présage, si vous faites un sacrifice, si vous donnez attention au vol d’un oiseau, si vous voyez un diseur de bonne fortune ou un aruspice, s’il fait des éclaires, s’il tonne, si la foudre tombe quelque part, si vous réfléchissez sur vos songes, vous ne pourrez jamais être tranquilles, et les craintes vous tourmenteront sans relâche. Laissez donc à la religion tous ses droits, mais arrachez toutes les racines de la superstition [1].

Le divin Platon, dans son traité des lois, veut qu’on chasse les magiciens de la société, après qu’on les aura sévèrement punis [2], non du mal qu’ils peuvent opérer par la vertu de leurs prétendus charmes, mais de celui qu’ils voudraient faire. Ceux qui ont lu Sénèque, Lucien, Juvénal, Callimaque, etc., savent quel cas ils faisaient des superstitions de leur temps. Socrate mourut, pour avoir blâmé trop ouvertement les absurdités de la religion d’Athènes.

Saint Augustin, qui met presque Socrate au rang des saints, dit que les superstitions sont

  1. De Divin. lib.2.
  2. Il en exclut aussi les poëtes, mais après les avoir comblés d’honneurs divins.