Page:Jacques Collin de Plancy - Dictionnaire infernal-1818-T1.djvu/34

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
xxvij
PRÉLIMINAIRE.


des millions de dualistes, à qui il ne manque que le nom de manichéens.

Les divinations ont fait naître le fatalisme : le libre arbitre ne peut exister chez les hommes qui trouvent partout écrite, une destinée inévitable.

La foi aux apparitions et les terreurs que l’enfer inspire, ont rendu les cœurs lâches et pusillanimes. Les hommes sont devenus de timides esclaves : leur vie s’écoule dans un effroi sans relâche ; la nuit même ne leur donne pas le repos. Des songes hideux rappellent dans l’âme superstitieuse toutes les craintes de la journée, et en apportent de nouvelles. « Le sommeil, dit Plutarque, fait oublier à l’esclave la sévérité de son maître, et au malheureux la pesanteur des fers dont il est garotté ; l’inflammation d’une plaie, la malignité d’un ulcère, les douleurs les plus aiguës laissent quelque relâche pendant la nuit, à ceux qui en sont tourmentés. Mais la superstition ne fait point de trêve, pas même avec le sommeil. Elle ne permet point à une âme de respirer un seul moment, et les gens superstitieux, lorsqu’ils sont éveillés, s’entretiennent encore de leurs illusions, redoutent une ombre chimérique, et ne peuvent con-