Néanmoins on voit toujours subsister les traces déplorables des superstitions. Les démons et la magie ont produit le dualisme. On a vu le mal plus répandu que le bien, et on a été jusqu’à croire que le principe du mal, les démons, étaient au moins aussi puissans que Dieu, le principe du bien. Pour peu qu’on ait le jugement sain, tous les désordres de ce monde ne peuvent faire douter un instant de l’unité de Dieu ; mais le dogme des deux principes n’en a pas moins eu de nombreux partisans. On en attribue l’origine à Zoroastre. Les manichéens l’ont professé ouvertement ; et il ne s’est si généralement répandu dans tous les siècles, que parce qu’il flatte la faiblesse humaine. Vainement on croit cette opinion éteinte ; elle sera reçue, tant qu’il y aura des esprits faibles sur la terre ; les mots seulement ne sont plus en usage ; et on pourrait compter aujourd’hui
dire aux dévots que nous vivons dans un siècle abominable. Mais les siècles de la plus crasse ignorance produisaient aussi leurs incrédules. Moïse dit que l’impiété des hommes a été la cause du déluge. David, Salomon, les prophètes, les apôtres, les conciles, gémissent de voir la terre chargée d’impies. Saint Grégoire disait dans son temps : La destruction de Sodôme et de Gomorre est une image de l’enfer, dont on rit en ce monde, etc.