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DISCOURS

D’autres, sans chercher les choses de la terre dans les signes du ciel, virent dans les songes, dans le vol des oiseaux, dans les entrailles des victimes, dans le mouvement de l’eau, dans les feuilles agitées du vent, dans le chant du coq, dans la main, dans les miroirs, et plus récemment dans les cartes, dans les rides du front, dans les traits du visage, dans les tubérosités du crâne, etc., toutes les nuances du caractère de l’homme, ses pensées les plus cachées, les secrets impénétrables de l’avenir ; et devinrent pour ainsi dire des dieux, en distribuant aux mortels les espérances et les craintes, les bonnes et les mauvaises destinées.

Un grand nombre, dédaignant de pareils moyens, ne suivit aucun système. Libres de toute règle, ils se dirent inspirés et prophétisèrent. On les crut : leur nombre s’augmenta ; la rivalité engendra l’envie; et les devins eux-mêmes accusèrent les confrères qu’ils voulaient décrier, de commercer avec l’enfer. La crainte

    de l’aigle ou du vautour qui devait lui dévorer les entrailles, pendant trente mille ans, le dieu qui avait juré de ne le point détacher du Caucase, ne voulut pas fausser son serment, et lui ordonna de porter à son doigt un anneau, où serait enchassé un fragment de ce rocher. C’est là, selon Pline l’origine des bagues enchantées.