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XLVII. Après avoir examiné les excuses communes aux filles et aux femmes qui ont accoutumé d’avoir la gorge nue, il est facile de répondre aux raisons que les unes et les autres apportent séparément. La principale ou plutôt l’unique qui soit propre et particulière aux filles, consiste à dire que Dieu et leur inclination les appelant au mariage, elles peuvent innocemment se servir de toute leur beauté pour donner de l’amour, et pour engager quel que jeune homme à les rechercher : d’autant plus qu’ils se conduisent ordinairement par les sens, et se prennent aisément par les yeux.

XLVIII. Cette raison serait peut-être recevable dans la bouche d’une fille Payenne qui ne reconnoît d’autres lois que celles de la nature corrompue et d’une religion prophane. Quoy qu’on peut luy objecter avec justice qu’elle flétrit l’éclat de la virginité dont elle se fait honneur, lorsque par la nudité de son sein et de ses épaules elle renonce à la modestie qui est comme la gardienne de cette virginité. Quoy qu’on peut lui répondre qu’elle se trahit. elle-même, et qu’elle fait tort à sa chasteté par sa beauté propre ; puisqu’une vierge cesse en quelque sorte de l’être lorsque par sa faute elle peut ne l’être pas, et que la nudité de sa gorge qu’elle montre indifféremment à tout le monde,