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qui nous tentent par la nudité de leur gorge et de leurs épaules, ne sont gueres moins coupables lorsqu’elles n’excitent aucune affection deshonneste, que quand elles inspirent un amour prophane à ceux qui les voyent.

XXXI. Qu’elles ne rejettent point sur la foiblesse et sur l’incontinence des hommes, les péchéz dont elles sont la principale cause. Les hommes sont foibles, il est vray, mais c’est pour cela même, qu’elles ne doivent pas les tenter. Les hommes sont incontinens on ne le peut nier, mais elles sont en cela d’autant plus coupables, que n’ignorant pas qu’elle est l’incontinence des hommes, elles les excitent à l’impureté. Pensent-elles que le précepte d’aimer son prochain, et de s’intéresser à son salut n’ait été donné qu’aux hommes, prétendent-elles que cette loy fondamentale du christianisme ne soit pas une loy pour elles, et qu’il leur soit permis de la violer avec impunité. Elles sçavent, elles avouent, elles publient que les hommes se laissent facilement embrasser d’un amour impudique , et elles s’imaginent ne pas blesser la charité chrétienne, et l’honnesteté naturelle, lorsqu’elles se mettent volontairement en état d’exciter des feux illégitimes dans leurs cœurs. N’est-ce pas un aveuglement déplorable, et un aveuglement qui devient