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ils ont été émeus à la veue de leur gorge, et de leur taille ; les femmes et les filles connoissent les pernicieux effets que produisent dans l’esprit des hommes la beauté de leur taille et de leur gorge, et après cela elles osent dire qu’elles ne croient pas mal faire quand elles s’étudient à découvrir toute leur gorge, et à montrer en même temps et par une même adresse toute la beauté de leur taille. Ne devroient-elles pas plutost avouer qu’elles sont séduites par le monde qu’elles aiment, et reconnoître de bonne foy qu’après les avoir luy-même instruites du péril où elles s’exposent et où elles exposent les autres par leurs nuditéz, il leur cache ce péril lorsque l’occasion se présente de satisfaire leur vanité et de captiver quelque cœur. Que pour les rendre plus criminelles, il les oblige à feindre qu’elles ne connoissent pas les maux qu’elles causent, et à tacher de couvrir leurs fautes sous l’ombre d’une fausse et d’une prétendue ignorance.

XVIII. Elles me répondront sans doute qu’elles n’ont point de mauvaise intention quand elles découvrent leur gorge, que s’il en arrive des inconvéniens ils viennent de la foiblesse ou de l’incontinence des hommes. Et pour justifier que leur dessein n’est point de plaire au monde , ni de donner de l’amour à