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qu’elle nous éloigne du vice et nous porte à la piété.

XII. Elles disent pour une seconde excuse qu’il n’est point expressement défendu dans l’Ecriture de découvrir sa gorge, et qu’elles ne croient pas mal faire en le faisant. Il faut avouer que la concupiscence est bien industrieuse toute ignorante et toute aveugle qu’elle est. Tantost elle nous empesche de connoître la vertu en obscurcissant les lumières de la raison et de la foy, tantost elle nous persuade que le vice nous est inconnu quoique nous en ayons une parfaite connoissance ; et se servant également de ses ténèbres pour nous cacher le bien que nous devons faire et le mal que nous avons fait, elle nous fait tomber dans le péché ou par une ignorance grossière ou par une ignorance volontaire. Quelle de ces deux ignorances imputerons-nous, ou plutost quelle n’imputerons nous pas à ces filles et à ces femmes qui disent qu’elles ne croyent point faillir en se montrant à demi nues ?

XIII. Ne sont-elles pas coupables d’une ignorance grossière et criminelle, si après tout ce que les prédicateurs publient continuellement dans les chaires, après tout ce que les docteurs enseignent dans leurs livres, après tout ce que les confesseurs disent dans les tribunaux, après