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devoient mettre sur leur sein, et qu’il les a empêchées de découvrir la vérité, en leur persuadant de faire voir leur corps à demi-nû.

V. Entre les excuses qu’elles apportent pour leur deffense, il y en a qui sont communes aux filles et aux femmes, et il y en a qui sont parti culières aux unes ou aux autres. La première et la plus générale est la mode et la coutume. Il est permis, disent-elles, de faire ce que les autres font, ce n’est pas dans une seule Ville, c’est dans divers Royaumes que les filles et les femmes vont en public le sein et les épaules découvertes, et cet usage n’est pas un usage introduit depuis quelques années, mais depuis plusieurs siècles ; de sorte qu’on ne peut le condamner sans faire le procès à des nations et à des générations entières.

VI. Si cette raison étoit recevable il n’y a aucun désordre qui ne deût estre approuvé et autorisé, parceque tous les abus sont nécessairement introduits par un usage contraire à la raison et à la Loy, lequel par succession de temps passe insensiblement en coutume. Ainsi la coutume toute seule bien loin d’être une preuve de la justice de l’usage, est une présomption qu’il est injuste, et quand cet usage est évidemment opposé à ce que la raison nous conseille, et que la Loy nous prescrit, il ne peut