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ne couvre une partie de son corps que pour montrer et pour relever la beauté de l’autre, et qui exposant aux yeux des hommes ce qu’elle leur devroit cacher, donne lieu de croire qu’elle ne couvre que par contrainte ce qu’elle ne fait pas voir. Puisque Dieu la représente en cet état comme l’image et le modèle des grands pécheurs, ne doit-elle pas craindre que cet état ne soit un état de péché pour elle, et ne doit-elle pas connoître que c’est un état de péché pour les autres. Estat funeste qui contient toute la malignité, et qui exprime tout le malheur des pécheurs lesquels se perdent par un trop grand amour d’eux-mêmes, et contribuent à perdre les autres par leur malice ou par leur adresse ! Estat funeste dans lequel les femmes ne s’en gagent que par un défaut de pudeur ou de pureté ! Estat qui devroit les faire rougir de honte, et qui doit être puni d’une confusion extrême ! C’est pour cela sans doute qu’après que Dieu a comparé le pécheur à une femme bien ornée et nue, il ajoute qu’elle étoit pleine de confusion. Elle n’a pas eu honte de paroistre publiquement le corps à demi nu, elle sera couverte de honte au Jugement dernier, lorsque la laideur de sa conscience paroitra sans voile et à découvert, et que son ame se trouvera vuide et nue sans vertus et sans graces.