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mêmes, si vous ne pouvez vous résoudre à quitter entierement votre luxe, et à couvrir votre nudité ; faites du moins quelque difference entre la maison du Seigneur qui est consacrée par la célébration de nos mistères, et celles qui sont prophanées par le libertinage du siècle ; entre les lieux destinéz à la prière et à la pénitence, et les lieux propres au divertissement et à la joye. Pourquoy voulez-vous étendre l’Empire du Prince du monde au-delà des bornes qu’il s’est luy-même prescrites ? Il ne prétend avoir de jurisdiction que sur les lieux prophanes, et par votre immodestie vous le faites régner même dans les lieux saints. Aprenez que votre nudité devient une espèce de sacrilége dans les Églises si elle n’est ailleurs qu’un simple péché, et n’oubliez pas qu’elle attire sur vous un double châtiment, puisqu’elle y méprise et outrage ouvertement le Seigneur en même temps qu’elle scandalise ou séduit les hommes.

XII. Qui ne scait que Dieu est jaloux du respect qu’on doit avoir pour ses Temples, et que le zéle de sa maison dont il est comme dévoré, dit le Prophéte, ne luy permet pas de laisser sans punition ceux qui la prophanent. De quelle sévérité n’usa-t’il point contre ceux qui faisoient un trafic légitime dans le