Page:Jacques Bainville - Napoléon.djvu/95

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la loi du 10 brumaire an V est promulguée. Complétant les décrets d’octobre 1793, elle proscrit le débit et la consommation des marchandises anglaises dans toute l’étendue de la République. C’est la continuation d’une pensée révolutionnaire qui s’épanouira avec le blocus continental. Successeur de la Convention et du Directoire, Napoléon, lui aussi, croira que pour contraindre le gouvernement britannique à traiter il suffit de frapper son commerce et ses marchands.

Bientôt lord Malmesbury regagne Londres sans que les conversations aient donné de résultat. Elles ont échoué sur la Belgique. Pas d’entente possible. Delacroix, le ministre des Affaires étrangères, a dit à Malmesbury que la Belgique, étant réunie « constitutionnellement » au territoire, ne pouvait plus en être séparée, que d’ailleurs le peuple français ne le permettrait pas. Les pourparlers sont rompus le 21 décembre. Le 29, Pitt déclare au Parlement que jamais l’Angleterre ne consentira à la réunion de la Belgique à la France. C’est la guerre pour un temps indéfini. La République aura besoin d’un militaire accoutumé à la victoire. Et il n’y en a qu’un, celui qui, en ce moment, sauve encore le gage unique, la seule monnaie d’échange qu’elle conserve, l’Italie. Et c’est ce qui, bientôt, fera du jeune général, déjà maître de la guerre, le maître de la paix.

Il faudra trois campagnes encore pour que la cour de Vienne consente à traiter. En novembre 1790, Bonaparte en est à la cinquième depuis sept mois. L’Autriche, forte des ressources d’une vaste monarchie, continue, en attaquant, sa « magnifique défense ». Un autre de ses maréchaux, le meilleur peut-être, Alvinzi, descend du Tyrol pour délivrer Mantoue et Wurmser. Bien que Bonaparte ait lui-même comblé ses vides et accru ses effectifs, la partie est difficile. Il la gagne encore par son génie inventif, la rapidité de ses manœuvres et aussi en payant plus