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vent Beaulieu vaincu, entre en pourparlers. Le roi de Naples imite Venise et le Saint-Siège. Cependant, il faut assiéger Mantoue, où une forte garnison autrichienne s’est enfermée, reprendre Pavie sur une insurrection, réprimer dans les campagnes une espèce de chouannerie, lorsqu’on apprend que l’Autriche lance une nouvelle armée commandée par un chef énergique, le vieux maréchal Wurmser.

Du jour au lendemain, le pape, le roi de Naples, la République de Venise rompent les négociations. Tout ce qui n’aime pas les Français relève la tête. Joséphine est arrivée. Elle arrive bien ! Un parti autrichien a failli l’enlever, comme Bonaparte lui-même quelques semaines plus tôt. Une lourde menace pèse sur l’armée française. Cette fois, l’Autriche a fait un gros effort, appelant à elle ses Hongrois, ses Croates, ses peuples bigarrés. Sur chacune des rives du lac de Garde descend une armée puissante, un torrent humain. Les avant-postes français sont emportés, les positions forcées, la route de Milan coupée, l’Adige sur le point d’être franchi partout, après quoi ce sera l’Italie perdue. C’est le plus grand péril que Bonaparte ait connu jusqu’ici, et il en mesure la gravité. Il éprouve « cette défiance de soi-même qu’a toujours l’homme qui débute, quelque grand qu’on veuille le supposer ». Pour la première fois, troublé par ses responsabilités, sa jeunesse, il tient conseil, il propose à Masséna, à Augereau son idée qui doit tout sauver ou tout perdre, car, en cas d’échec, il n’y aura plus de retraite. Son idée, c’est de lever le siège de Mantoue, de concentrer toutes ses forces, d’attaquer et de battre chacune des armées de Wurmser avant qu’elles se soient rejointes. Il n’y aura plus qu’à évacuer l’Italie si l’opération est manquée… Le 3 août à Lonato, le 5 à Castiglione, elle a réussi. Les Autrichiens sont disloqués et cherchent abri dans les montagnes, mais c’est pour s’y refaire. La lutte recommence en septembre. Après la journée de Roveredo, Bonaparte pénètre