Page:Jacques Bainville - Napoléon.djvu/84

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

blique ». Mais l’armée d’Italie était celle où il y avait le plus de fautes à réparer. Tous ceux qu’on avait mis à sa tête piétinaient. Bonaparte connaissait le pays. Il avait de l’allant et des idées. La République ? Il venait, de la sauver. Pourquoi, pensa Carnot, se priver de ses services ? Et sans doute, sous l’Empire, où il se tint à l’écart jusqu’à l’invasion, le représentant de la Révolution guerrière put se dire que les plus fermes républicains avaient tenu le despote sur leurs genoux. Ils l’avaient choyé, nourri, réchauffé. Carnot s’excusait en alléguant qu’il eût voulu faire de Bonaparte le Washington de la France. D’autres fois, il se répondait mélancoliquement à lui-même que l’ambition, chez un général victorieux, peut être prédite à coup sûr. Il n’aurait pas fallu que la République eût besoin des militaires et des meilleurs. Il n’aurait pas fallu que Carnot, le premier, eût rendu le gouvernement d’un soldat inévitable en vouant la France, par l’annexion de la Belgique, à une guerre sans issue.