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de l’espèce de droit divin qu’ils attribuaient à la Révolution, refuseraient de s’incliner si la majorité passait à droite. Alors la force seule déciderait. On entrerait dans l’ère des coups d’État dont les républicains eux-mêmes prendraient l’initiative et donneraient le signal.

Cependant, depuis le 9 thermidor et les mesures qui avaient été prises contre la démagogie extrême, la Révolution avait perdu son principal ressort, son instrument d’attaque et de défense, qui n’avait jamais cessé de se trouver à l’Hôtel de Ville de Paris. En même temps que Robespierre, la Commune insurrectionnelle avait été mise hors la loi. Elle ne s’était pas relevée de ce coup qui avait marqué le terme de la période révolutionnaire aiguë, car c'était par la Commune de Paris que toutes les grandes « journées » s’étaient faites. Maintenant, fédérés, insurgés, mégères des rues, hommes à piques et à bonnets rouges, n’étaient plus de vertueux patriotes mais des « anarchistes », des bandits contre lesquels les thermidoriens venaient de se défendre deux fois par les moyens dont les gouvernements doivent se servir. Louis XVI, bien qu’on l’en eût accusé, tant les révolutionnaires l’avaient craint, n’avait jamais fait marcher les régiments. C’était maintenant la Convention qui les employait contre l’émeute. Déjà, le 12 germinal, Pichegru, se trouvant à Paris, avait reçu le commandement des sections. Le 1er  prairial, l’insurrection avait recommencé, plus grave. Comme la garde nationale fléchissait, la Convention, cette fois, n’avait pas hésité à appeler les troupes de ligne elles-mêmes, sous les ordres du général Menou. Ce jour-là, un des premiers détachements qui arrivèrent au secours de l’Assemblée était conduit par un jeune officier, soldat de fortune, fils d’un aubergiste, que l’on reverra le 18 brumaire. Il s’appelait Murat. Il aura un royaume.

Ce n’est pas tout. Après chacune de ces journées,