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le dictateur. Naguère pacifiste, Maximilien Robespierre est maintenant pour la lutte à outrance sur tous les fronts tandis que son collègue s’alarme de l’extension des hostilités. La fin de ce conflit, c’est le 9 thermidor.

Le jour où tombe Maximilien, Augustin est à Paris. Il a quitté l’armée pour obtenir du Comité que les opérations soient poussées avec vigueur selon le plan arrêté de concert avec Bonaparte. Augustin périt avec son frère. Dès le lendemain, le Comité de salut public donne l’ordre d’arrêter l’offensive sur le front italien et de borner les opérations à la défense du terrain conquis.

Discerner jusqu’à quel point le jacobinisme de Bonaparte a été sincère est difficile. Plus difficile encore de dire s’il était lié avec Augustin par sympathie ou par utilité. Il ne s’est jamais vanté de ses relations avec les deux frères. Il ne les a pas niées non plus. Il les a passées sous silence. Et peut-être, avec ses instincts d’autoritaire, avait-il un certain goût pour la dictature de Robespierre, moins la guillotine. « La prolixité de la correspondance et des ordres du gouvernement est une marque de son inertie ; il est impossible que l’on gouverne sans laconisme. » Cette maxime, qui pourrait être de l’empereur, est de Saint-Just. Elle est l’indice de certaines affinités. En tout cas, jacobin, il le restera longtemps, peut-être avec des nuances, mais en veillant bien à ne pas être abandonné du « génie de la République ».

En temps de révolution, qui gagne un jour perd le lendemain. Bonaparte n'a été du parti triomphant que pour être tout de suite du parti vaincu. Il se trouve, plus qu’il ne le voudrait, engagé avec les Robespierre quand survient le 9 thermidor. Et la Terreur a produit les effets, laissé les habitudes du despotisme. On veut plaire aux maîtres de l’heure. Pour leur donner des gages, on cherche des boucs émissaires, on fait du zèle, on dénonce. Surpris par