Page:Jacques Bainville - Napoléon.djvu/65

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vrai qu’il n’inventait pas tout et qu’il trouva, là encore, la plupart, des idées que, deux ans plus tard, il appliquera en plus grand et avec éclat. Conquérir l’Italie pour y nourrir les armées et pour procurer de l’argent à la République, c’est une pensée que les Conventionnels ont déjà eue et le représentant du peuple Simond parlait, avant la proclamation fameuse, des « riches greniers de la Lombardie ». Simond lui-même répétait ce que les chargés d’affaires français à Gênes, à Rome, à Florence écrivaient depuis des mois, montrant les richesses italiennes comme une proie facile à saisir, alors que la République avait de si cruels besoins d’argent. Quant à attaquer l’Autriche par la Lombardie et à prendre l’Empire germanique à revers, les généraux de la monarchie se l’étaient proposé avant ceux de la Révolution, Catinat, Villars, Maillebois avaient précédé Bonaparte, Charles VIII et François Ier avaient pris la route où la République à son tour s’engageait.

Ces débuts d’Italie, qui devaient être si profitables au jeune général, qui préparèrent sa campagne foudroyante de 1796, faillirent bien aussi le perdre. Sans qu’il s’en doute, à Saorge et sur les lignes de la Roya, il court d’autres dangers que ceux du feu. Il s’introduit, il se compromet dans les querelles redoutables qui mettent aux prises les hommes de la Révolution.

À l’état-major du général Dumerbion, il a retrouvé des figures de connaissance, son compatriote Saliceti, Robespierre le jeune. Avec eux, il est tout de suite en sympathie. Les représentants du peuple sont pour l’offensive, et l’offensive, c’est son affaire. Il en a non seulement le tempérament mais la doctrine. Il en connaît les procédés et les moyens. Seulement, le moment où il en trace le plan est celui où le Comité de salut public se divise sur la conduite de la guerre comme sur l’ensemble de la politique. Carnot, surtout, entre en opposition avec