CHAPITRE IV
Lorsque Bonaparte, capitaine comme devant,
rentre dans l’armée après ce long et stérile intermède
corse, c’est pour retrouver la guerre civile.
Le Midi s’est insurgé contre la Convention. Affecté
au 4e régiment d’artillerie, dans une compagnie qui
tient garnison à Nice, Bonaparte y remplit des fonctions
modestes. Le général du Teil, frère de son
ancien protecteur d’Auxonne, l’emploie au service
des batteries de côte. Le capitaine construit des
fours à réverbère, invention nouvelle pour rougir
les boulets destinés à « brûler les navires des despotes
». C’est dans ce style qu’il écrit alors et, en
1793, il était ordinaire et prudent d’écrire ainsi.
Des fours à réverbère, il passe au train des équipages.
Il est envoyé en Avignon pour organiser les
convois de l’armée d’Italie, — presque un métier
de charretier. Mais, sur la route, il trouve Avignon
occupé par les fédéralistes marseillais. Il doit attendre
que la ville soit reprise pour s’acquitter de
sa mission.
Occupé à ces besognes obscures, il commence à s’inquiéter. Personne ne pense à lui. L’oubliera-t-on dans les postes subalternes ? Il a besoin d’attirer l’attention. D’Avignon, où il se morfond en préparant ses convois, il adresse une demande au « citoyen ministre » pour être affecté à l’armée du Rhin. Et, de la même plume, il compose le dialogue qui est intitulé le Souper de Beaucaire bien