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CHAPITRE XXV

MORNE PLAINE


De toutes les batailles que Napoléon a livrées, la plus célèbre est celle qu’il a perdue. Waterloo apporte à son histoire la catastrophe, qui est l’événement dernier et principal des tragédies. Un désastre soudain, total, retentissant, tant de victoires, d’exploits stratégiques qui s’achèvent par un effondrement militaire… Encore un élément de légende et d’épopée qui manquait à la vie de Bonaparte. Elle se surpassera par le martyre, et le martyre ne tardera plus.

Refaisant en idée la bataille de Waterloo, mille historiens, et l’empereur le premier, ont montré qu’elle aurait pu être gagnée, qu’elle aurait dû l’être, sans se demander ce qui serait arrivé le lendemain. Napoléon, battu, s’écroula d’un coup. Wellington et Blucher en retraite, la guerre continuait, la même guerre qui durait depuis vingt-trois ans. Et l’empereur risquait encore, dans cette plaine belge, la partie dont la Belgique avait été l’essentiel enjeu, il venait finir, avec la vague mourante de la Révolution belliqueuse, près de Fleurus et de Jemmapes, aux portes de Bruxelles, pour les lieux que la République avait conquis et qu’elle s’était acharnée, jusqu’à se renier elle-même, a conserver malgré l’Europe, Le dénouement se trouve au point de départ. Il apporte le dernier résultat et l’explication d’aventures inouïes, pourtant si bien liées. La résonance lugubre de Wa-