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NAPOLÉON

c’est qu’apparemment je ne l’ai pas pu. » Et il explique, comme il chargera encore Las Cases de l’expliquer, qu’il était « obligé de faire bonne contenance dans une si gauche posture », de répondre fièrement aux ennemis et de « rembarrer » ses propres lieutenants, ces militaires qui se joignaient aux bourgeois de Paris pour réclamer tout haut la paix lorsque le moyen de l’obtenir eût été de le « pousser ostensiblement à la guerre ». Il était trop clair qu’un découragement aussi manifeste, joint à l’effet produit par la victoire de Wellington en Espagne, devait être funeste aux négociations.

Napoléon s’y engage cependant, après avoir prolongé l’armistice, en partie pour contenter le besoin de repos qu’il sent grandir autour de lui, en partie dans l’espoir, auquel il ne renonce pas, de garder l’alliance de l’Autriche. Cependant le désarroi qui commence à paraître autour de lui et en France se reflète dans son esprit. La frontière des Pyrénées est menacée. Serait‑il sage de se replier sur le Rhin, comme il en reçoit le conseil, afin de ne pas se trouver isolé et aventuré en Allemagne si l’armistice est rompu ? Mais ce serait renoncer à ce qui lui permet de négocier, ses gages, sa carte de guerre, ce serait accorder d’avance aux Alliés la première série de leurs conditions. Un moment il cherche à reprendre le contact avec Alexandre, à agir sur l’Autriche par la Russie, n’ayant pu agir sur la Russie par l’Autriche. Puis il retourne au système autrichien, à l’alliance de famille qui a été la destination de ce mariage, que, devant Metternich, quelques jours plus tôt, il appelait une sottise. Marie-Louise est mandée à Mayence. Peut-être, par elle, François Il reviendra-t-il à d’autres sentiments. Tout ce qu’il a essayé, Napoléon, à cette extrémité dont il sent le péril, le tente encore. En quelques jours, il repasse par la série de ses combinaisons d’assurance contre la chute. Elles sont déjà épuisées. À ceux qui lui représentent qu’à Dresde sa position est dange-