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CHAPITRE III

INGRATE PATRIE


Au mois de septembre 1791, on était, en France, tout près des élections. On sentait aussi venir la guerre que l’Assemblée nouvelle, la Législative, ne tarderait pas à déclarer. Il était d’autant plus difficile d’obtenir des congés que l’émigration dépeuplait et désorganisait les cadres. Néanmoins, Bonaparte sollicita et, grâce au général du Teil, obtint encore une permission.

On s’étonne qu’un garçon aussi intelligent n’ait pas deviné qu’il y aurait bientôt des grades à cueillir par brassées. Hoche, Marceau et jusqu’à Pichegru, son ancien répétiteur, commandent des armées bien avant lui. Il se met en retard pour se faire nommer en Corse adjudant-major d’un bataillon de gardes nationaux volontaires, ce qui n’est pas plus que capitaine dans l’active. Et non seulement il se met en retard, mais, porté absent au moment d’un contrôle sévère des officiers qui ont émigré, il aura à son dossier une mauvaise note. Son île l’attire toujours. Il ne voit pas qu’il y perd son temps.

Les petits Bonaparte pouvaient faire du zèle. Ils étaient toujours trop français pour Paoli qui empêcha que Joseph fût député à l’Assemblée législative et le « noya » dans le conseil général de la Corse afin de ne pas lui laisser de fonctions à Ajaccio. Quant à Napoléon, pour être élu lieutenant-colonel de la garde nationale, il lui fallut plus d’in-