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LE REFLUX ET LA DÉBÂCLE

vais d’évoquer un peu saint Louis. Des recherches sont commandées sur le couronnement et le serment des fils aînés des rois du vivant de leur père, depuis Charlemagne. D’ordre de l’empereur, on fouille de poudreuses archives, tandis que lui‑même dicte tous les jours de longues notes pour l’organisation de l’armée « qu’il fait sortir de terre ». Il médite aussi un coup de théâtre, sa réconciliation avec Pie VII. Un soir d’hiver, à l’improviste, le reclus, le prisonnier de Fontainebleau voit entrer chez lui l’empereur. Tout sera fini, oublié, la paix signée par de menues concessions au pontife, le fil renoué avec les jours du Concordat. Le pape étendra le sacre à Marie-Louise et au prince impérial. À l’intérieur de l’Empire, la désaffection des fidèles cessera. Les cours catholiques seront satisfaites. C’est une opération à longue portée et l’empereur a hâte de faire connaître à son beau-père qui, à Dresde, lui avait parlé du déplorable enlèvement de Savone, le succès de l’entrevue de Fontainebleau. La solennité, à la fois religieuse et politique, du deuxième sacre, scellera la réconciliation. Ainsi Napoléon qui, par son mariage, a déjà voulu l’Empire légitime, se réfugie dans une sorte d’ultra‑légitimité. Il a suffi de ce Malet, de ce cerveau brûlé, de quelques fonctionnaires qui ont perdu la tête, pour ramener l’empereur à l’idée fixe des conspirations, pour qu’il désire une autre application du chrême qui rend inviolable, de nouvelles onctions qui confirment la garantie qu’il a cherchée par son mariage, par son entrée dans la famille des rois.

Bientôt, sur les remontrances de ses cardinaux, Pie VII se repent de la faiblesse qu’il vient encore d’avoir pour Bonaparte et dont il ne se départira jamais tout à fait, puisque (c’est demain) il interviendra en faveur du proscrit de Sainte‑Hélène. Mais enfin, le pape s’est rétracté. Il rejette le nouveau Concordat. Il faut renoncer au double couronnement, remplacer Notre‑Dame et le trône dressé près