Page:Jacques Bainville - Napoléon.djvu/474

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
469
LE 29e BULLETIN

posé sur la campagne de Russie. L’empereur s’en était expliqué à ses ministres par ce peu de mots : « La fortune m’a ébloui. J’ai été à Moscou. J’ai cru y signer la paix. J’y suis resté trop longtemps. » C’était bien toute l’histoire dite avec sincérité et dédain. Le Sénat eut droit à moins encore : « Mon armée a essuyé des pertes, mais c’est par la rigueur prématurée de la saison. » Pour ces hommes qu’il sent prêts à le trahir et qui viennent encore de le flagorner, le mépris transpire de la formule d’usage : « J’agrée les sentiments que vous m’exprimez. » Pour les uns, un haussement d’épaules. Pour les autres, le dos tourné. L’amer philosophe est prodigieusement revenu de tout. Et, depuis Moscou toute sa politique est manquée. Qui donc le sait mieux que lui ?