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LE REDRESSEMENT DE WAGRAM

produisent d’autres complications. Une escadre anglaise menace les côtes italiennes d’un débarquement qui tient Murat en alerte. Rome s’agite depuis que l’Autriche a ouvert les hostilités et le régime de l’occupation mène à des conflits quotidiens avec Pie VII. Le général Miollis, qui pourtant n’est pas un brutal, s’irrite, parce qu’il s’inquiète de la résistance que lui opposent le pape et les cardinaux, de leur volonté de se dérober à un contact qu’il a d’abord essayé de rendre courtois. Sans doute Rome a été occupée pour des motifs étrangers à la religion. Le pape se plaint hautement de l’atteinte portée à son indépendance. Les actes par lesquels il affirme sa souveraineté paraissent dangereux parce que, d’un jour à l’autre, ils peuvent exciter la population romaine contre les Français, soulever l’émeute. Est‑ce que l’assassinat du général Duphot, à l’époque où le Directoire occupait déjà Rome, ne demeurait pas présent aux esprits ? Miollis, pour rétablir son autorité, répond par le désarmement des gardes‑nobles et de nouvelles menaces d’arrestation. Pour en finir et aussi pour effrayer, quatre jours après l’entrée à Vienne, le reste des États du Saint-Siège est réuni à l’Empire français. Le pape restera à Rome comme souverain spirituel. Il est dépouillé de sa souveraineté temporelle. Napoléon dit avec superbe qu’il reprend la donation de Charlemagne, mais il recommence ce qu’avait tenté la Révolution avec la République romaine ; il fait, empereur oint et sacré, ce que, général républicain, il avait refusé de faire en 1796. Que devient sa grande politique du Concordat, de la réconciliation avec l’Église ? Devant ce qui s’oppose à l’accomplissement des destinées de la France et aux nécessités logiques de la conservation des frontières naturelles, il reprend les idées des Jacobins, il se sert des mêmes moyens, des mêmes recours à la force, mais amplifiés et gros de chocs en retour plus étendus, de sorte que tout ce qui s’était déjà dressé contre la Révolution en 1798,