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CHAPITRE XVIII

LE REDRESSEMENT DE WAGRAM


Napoléon était parti pour l’Espagne à contre-coeur. Il la quitte par nécessité, mécontent de lui-même, des autres et d’événements auxquels il commande un peu moins chaque année que la précédente Par un nouveau tour de force, il vient de rétablir Joseph à Madrid. Il sait bien qu’il laisse au delà des Pyrénées les guérillas partout, les Anglais jetés à la mer pour débarquer ailleurs, la troupe dégoûtée de sa besogne, les maréchaux en mauvaise intelligence, Joseph toujours geignant. Ce qu’il sait encore, c’est que, pas plus que lui, personne ne s’y trompe, non seulement à Londres et à Vienne, à Berlin et à Pétersbourg, mais à Paris. « Un homme qui n’est pas né sur le trône et qui a couru les rues à pied », comme il se définit, ne se paye ni de mots ni d’illusions. L’affaire d’Espagne ayant mal tourné, lui-même, de sa personne, n’ayant pu réparer que le plus gros de l’accident, c’est lui qui en portera le poids, les conséquences, les reproches, et Il aurait deviné que, pendant son absence, l’Autriche se préparerait à l’attaquer tandis qu’à l’intérieur on se préparerait à le trahir et que ceux-là même qui lui avaient conseillé de détrôner les Bourbons de Madrid accuseraient son ambition, sa folie et son orgueil.

Il quitte l’Espagne, où il a promis de revenir dans un mois et où il ne reparaîtra plus, pour rentrer à Paris en coup de tonnerre, « exaspéré ». Pendant