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NAPOLÉON

mencement à la fin, et, avec son ministre, il s’était pris dans les fils par lesquels il croyait tenir les autres. Il y avait de quoi le dégoûter des finesses de Talleyrand et des subtilités de l’art diplomatique. Sans doute l’accord avec la Russie avait été conclu, mais il n’était pas encore ratifié. Loin de déterminer les Anglais à traiter à leur tour, la publication du texte accepté par Oubril les indigna, souleva l’opinion publique, et l’ambassadeur russe à Londres, intimidé, obtint d’Alexandre qu’il ne donnât pas sa signatures. En même temps, Fox envoyait à Paris un autre plénipotentiaire, non pour l’entente mais pour la rupture, dont Lord Lauderdale ferait retomber la responsabilité sur les exigences de Napoléon. Cependant Yarmouth, au cours de la négociation, avait déjà révélé au représentant de la Prusse à Paris que la restitution du Hanovre au souverain britannique serait le prix de la paix avec l’Angleterre. Ce fut le prétexte que le parti de l’honneur et de la guerre, le parti national et antifrançais prit à Berlin pour arracher Frédéric-Guillaume à ses craintes, à ses hésitations, à son ministre Haugwitz, à sa politique d’équilibre timoré et de ménagements égaux pour la Russie et pour la France.

Le mouvement impulsif des patriotes prussiens, le coup de tête de la jeunesse militaire, de la reine Louise et du prince Louis, en apportant à Napoléon, fort traîtreusement attaqué, l’occasion d’un nouveau coup de tonnerre, est une diversion qui renouvelle singulièrement le drame et qui va l’élargir.

À l’automne de 1806, la paix avec l’Angleterre et la Russie a échoué. Encore un peu de temps et la quatrième coalition sera debout. Il ne devra pas être difficile d’y faire entrer l’Autriche elle‑même, aussi peu résignée, au fond, malgré ses cuisantes défaites, à la paix de Presbourg qu’elle l’avait été à la paix de Lunéville. Si les trois puissances con-