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NAPOLÉON

seront détrônés. Seulement à l’endroit où Championnet, quelques années plus tôt, proclamait la République parthénopéenne, Joseph, délégué d’autorité, régnera, que cette couronne lui plaise ou non. Quant à Louis, il est destiné à prendre la suite de la République batave. Il faudra, par ordre aussi, qu’il règne en Hollande.

Ayant abattu et élevé des rois, marié des princes et des princesses, médiatisé une foule de petits souverains allemands, supprimé tout de bon le vieux Saint‑Empire germanique, son chef élu et les Electeurs, brassé les affaires germaniques, « simplifié ce chaos » selon les recettes révolutionnaires, ce qui l’eût fait applaudir de Brissot si la tête de ce girondin n’eût été coupée, Napoléon, toujours courant, emporte de Munich l’étiquette de la cour bavaroise qui l’a frappé, lui a paru propre à imposer aux Français, plus encore aux étrangers, et surtout à élargir la distance entre lui et ses anciens camarades de l’armée. Ce cérémonial l’ennuiera, le fera toujours bâiller. Mais il avait lu dans Montesquieu : « Quand Alexandre voulut imiter les rois d’Asie, il fit une chose qui entrait dans le plan de sa conquête. »

Le 26 janvier 1806, il est aux Tuileries, quatre mois après son départ. Cent vingt jours où il a pétri l’Europe sans avoir avancé d’une minute l’heure de la paix définitive.

De même qu’il avait eu hâte de dénouer la coalition, il avait hâte de rentrer à Paris, de reprendre le gouvernement, se méfiant toujours des intrigues et des trahisons de ceux‑ci, des faiblesses et de l’incapacité de ceux‑là, sans cesse obligé d’être absent, sachant qu’en son absence tout allait mal, sa défaite ou sa mort étant toujours supputées. Il revient encore victorieux. Mais il ne veut pas de rentrée triomphale, car il sait qu’Austerlitz même n’a rien achevé. Tout de suite, il se met aux affaires sérieuses, à ce qui a failli amener un désastre financier et la banqueroute de la Banque de France. Respon-