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AVANT-PROPOS

9 chacun de ceux qui en ont une gardait la sienne, notre but, qui n’est que de comprendre, serait tout à fait atteint.

Comprendre n’est pas aisé. Raconter à la fois exactement et succinctement ne l’est pas non plus. En ce qui regarde Napoléon, une-extrême abondance d’événements renfermés dans un temps très court, la richesse des informations et des sources, les passions qui s’en mêlent, rendent la tâche particulièrement difficile. Nous nous sommes efforcé de nous tenir toujours le plus près possible du réel en contrôlant les uns par les autres les témoignages autorisés et nous servant des ouvrages classiques, c’est-à-dire de ceux qui ne sont pas seulement savants mais pensés.

Albert Sorel a porté la lumière sur les hauteurs du sujet. On ne doit pas, malgré le ton de panégyrique qui gâte maints endroits de son ouvrage, mépriser la clarté de Thiers qui avait recueilli beaucoup de traditions orales, vu beaucoup de documents et qui a écrit son histoire de l’Empire après avoir acquis lui-même, à côté d’hommes de l'Empire, l’expérience des affaires et du gouvernement. Seulement, il est des choses que Thiers n’a pas sues et ne pouvait savoir. Quand elles ont été divulguées, elles ont infirmé plusieurs de ses thèses. Aujourd’hui, il est de mode de diminuer l’œuvre d’Albert Sorel à qui on oppose l’historien allemand Fournier. Le plus curieux, c’est qu’on ne peut abandonner Sorel sans retomber dans l’ornière décriée de Thiers.

Il va sans dire qu’on ne s’occupe pas de Napoléon sans se servir des travaux d’Albert Vandal, d’Henry Houssaye, de Chuquet, de ceux de Frédéric Masson,