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populations, il a toujours à craindre, à l’arrière, une insurrection. Elle se produira, ce seront les vêpres véronaises. Cependant, malgré ses avis toujours plus pressants, l’armée du Rhin ne reçoit pas l’ordre de reprendre l’offensive. L’archiduc Charles, de son côté, a intérêt à ne pas retarder l’armistice. Le 2 avril 1797, la cour de Vienne se décide aux négociations de paix. Le général vainqueur entre en pourparlers.

Il s’y résout par des raisons militaires et aussi par des raisons politiques. Encore une de ces jointures des événements où il sait voir juste. On va voter en France et le résultat est prévu. Ce sera une poussée à droite qui changera la majorité des Conseils, et la droite, constitutionnels, modérés, libéraux, monarchiens, purs royalistes, est pour la paix. En somme, ce sont les gens que le général en chef de l’armée d’Italie a mitraillés en vendémiaire. Ils le détestent et il ne les aime pas. S’ils prennent le pouvoir, ils imiteront Aubry et relèveront ce militaire jacobin de son commandement, tandis que, s’il devient l’homme de la paix, il sera hors d’atteinte. Et comme cette paix ne peut manquer d’assurer à la République la Belgique au moins et peut-être une partie de la rive gauche du Rhin, les patriotes n’auront rien à lui reprocher. Ainsi le Directoire s’y est si bien pris, de toutes les manières, et en dernier lieu par l’inaction de ses autres armées, qu’il a fait de Bonaparte l’arbitre de la situation. Les élections aux Conseils avaient eu lieu le 10 avril. Elles étaient réactionnaires, elles donnaient donc la majorité aux partisans de la paix. Le 18, à Léoben, Bonaparte signe avec l’Autriche les préliminaires de paix sans attendre l’arrivée de Clarke qui a pouvoir du gouvernement de Paris pour traiter. Il est difficile de ne pas voir un rapport entre ces deux événements. Mais les signatures étaient échangées au moment même où Hoche, nommé au commandement de l’armée de Sambre--